Après Dailymotion, TF1 s'en prend à Youtube. La première chaîne vient ainsi, selon Les Echos, de poursuivre la plateforme de partage de vidéos pour contrefaçon. En réparation du manque a gagner qu'auraient engendré les centaines de clips issus des programmes du TF1 mis en ligne sur Youtube, le groupe audiovisuel réclame 100 M€, dix fois le montant des revenus engrangés par la filiale de Google en 2006. Cette plainte couvait depuis quelques mois déjà. Fin 2007, TF1 avait indiqué vouloir ester contre Dailymotion et Youtube pour « contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme ». Si la plainte contre le premier a bien été déposée le 17 décembre - assortie d'une demande de dommages et intérêts évaluée à 39,7 M€ - la seconde « a pris beaucoup plus de temps que prévu car il a fallu [l'adresser] directement aux Etats-Unis », indique une source proche de l'affaire aux Echos. Pour autant, le dossier sera jugé en France, par le TGI de Paris. Et quelque soit la décision finale, nul doute qu'elle viendra obscurcir encore davantage une jurisprudence déjà floue, hésitant entre la condamnation des plateformes de vidéos ou leur relaxe. Dernier exemple en date : la déclaration de non-culpabilité de Dailymotion dans un litige qui l'opposait à l'humoriste Jean-Yves Lafesse, au motif que le site devait être considéré comme un hébergeur et ne pouvait, dès lors, endosser la responsabilité d'un éditeur. Une décision qui respecte la lettre de la LCEN (Loi pour la confiance dans l'économie numérique) mais qui contraste avec d'autres affaires, notamment celle ayant opposé le même Dailymotion au réalisateur du film Joyeux Noël. Cette fois, le site avait été condamné. Deux députés ont déposé, cette semaine, un rapport dressant un bilan de la LCEN, quatre ans après son adoption. Ils y déplorent particulièrement cette incertitude jurisprudentielle due, selon eux, à « l'explosion en vol de la notion d'éditeur » en raison de l'irruption du Web 2.0. Et préconisent une LCEN 2 venant redéfinir ce qu'est un hébergeur et préciser son régime de responsabilité.