Comme l'a déclaré par mail l'avocat et chef du groupe d'utilisateurs Hispalinux José María Lancho, « Hispalinux demande à la Commission européenne de prononcer une injonction provisoire contre Microsoft pour obliger l'éditeur à revoir ses accords actuels passés avec les fabricants et à reconsidérer ses exigences en matière de démarrage sécurisé ». Le groupe d'utilisateurs Linux espagnol a également demandé à la Commission de constater que « Microsoft accroit injustement sa position de monopole sur le marché des OS, du fait qu'il est seul à contrôler l'amorçage sécurisé UEFI ».

Microsoft exige des fabricants qu'ils installent l'amorçage UEFI Secure Boot sur tous les ordinateurs exécutant Windows 8. Certes, le Secure Boot protège les ordinateurs contre les logiciels malveillants et contre l'installation de logiciels indésirables, mais il complique la tâche des utilisateurs désireux d'installer d'autres systèmes d'exploitation basés sur Linux sur des PC Windows 8. Certains considèrent cette pratique comme anticoncurrentielle et accusent Microsoft de se servir de l'UEFI pour bloquer les autres systèmes d'exploitation.

Pas encore de réaction de la CE

Pour l'instant, la Commission européenne n'a pas répondu à une demande de commentaire. Mais, dans sa réponse aux questions des parlementaires le 4 mars dernier, le commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia a déclaré qu'il était vigilant sur les exigences de sécurité UEFI de Microsoft pour Windows 8. « La Commission surveille la mise en oeuvre des exigences de sécurité de Microsoft pour Windows 8. Cependant, la Commission ne possède pas encore de preuves permettant d'affirmer que ces exigences se traduisent par des pratiques en violation avec les règles de concurrence de l'UE », avait-il écrit à l'époque. « Il semble que les fabricants sont tenus de fournir aux utilisateurs finaux la possibilité de désactiver le démarrage sécurisé », avait encore déclaré M. Almunia. « La Commission va continuer à suivre l'évolution du marché pour s'assurer que la concurrence et les règles du jeu entre tous les acteurs du marché restent équitables », a ajouté le commissaire européen à la concurrence.

Mais Hispalinux, qui représente 8 000 utilisateurs, soutient que les exigences UEFI de Microsoft sont anticoncurrentielles. C'est pourquoi l'association a décidé de déposer une plainte antitrust contre ce « mécanisme d'obstruction », ainsi que l'a déclaré José Maria Lancho. « Les consommateurs perdent le contrôle de leur propre machine parce que Microsoft prend le contrôle du matériel », a-t-il estimé. « Le fait est qu'aucun logiciel ou système d'exploitation devant passer par l'amorçage du système pour être installé ou pour tourner sur ces machines ne pourra accéder à l'ordinateur sans l'autorisation préalable de Microsoft », a-t-il affirmé. « C'est totalement injustifié », a-t-il ajouté. « La stratégie de Microsoft est clairement faite pour contrôler le marché et exclure la concurrence. Elle affecte tous les domaines du logiciel », a-t-il dit. Un porte-parole de Microsoft à Bruxelles a refusé de commenter l'affaire.