Fin de partie pour Yahoo. Après avoir peiné à remettre sur les rails la star Internet des années 90, la CEO de Yahoo Marissa Mayer vient finalement d'abdiquer en cédant la quasi totalité de son groupe au géant des télécommunications américain Verizon. Une cession qui s'est toutefois monnayé au prix fort, la patronne de l'ancien concurrent de Google étant parvenue à faire monter les enchères depuis le mois dernier. Car si en juin Verizon Communications proposait 3 milliards de dollars pour mettre la main sur Yahoo, le groupe dirigé par Lowell McAdam a dû faire une rallonge pour porter ce montant à 4,83 milliards de dollars, en cash. Un montant au final pas si éloigné des 4,4 milliards de dollars mis sur la table en mai 2015 pour croquer AOL qui, une fois les activités de Yahoo intégrées dans le groupe dans le courant du premier trimestre 2017, vont doter Verizon d'un puissant pôle dans les contenus et les portails web et mobiles, la vidéo, la publicité en ligne et la recherche Internet.

« L'addition de Yahoo à Verizon et AOL va créer un des plus grands portefeuilles de marques globales détenues ou en partenariat avec des capacités de distribution étendues. Combinés, AOL et Yahoo vont avoir plus de 25 marques en portefeuille pour une croissance et un investissement continus », a indiqué Yahoo dans un communiqué. Yahoo et AOL seront tous deux pilotés au sein de Verizon par Marni Walden, vice-président exécutif et président de l'innovation produits et des nouveaux business du groupe.

Vidé de ses actifs stratégiques, l'ex-Yahoo changera de nom

Yahoo apporte à Verizon une audience globale mensuelle de 1 milliard d'utilisateurs, dont 600 millions sur terminaux mobiles. Pour autant, tous les actifs de Yahoo ne sont pas rachetés par Verizon. Ainsi, sont exclus de l'accord les parts de Yahoo dans le géant du commerce en ligne chinois Alibaba (15,4%), ses participations dans Yahoo Japon (35,5%), billets à ordre convertibles, certains investissements minoritaires ainsi que des brevets non stratégiques regroupés au sein du portefeuille Excalibur. « Ces actifs continueront d'être détenus par Yahoo, qui va changer son nom à la date du bouclage de l'opération et sera une société cotée », précise Yahoo. En excluant du deal la vente de ses parts dans Alibaba, Yahoo sabre l'idée, évoquée en décembre dernier par le conseil d'administration du groupe contre l'avis de Marissa Mayer cependant, de créer une spin off regroupant certaines activités stratégiques du groupe.

Si Marissa Mayer semble avoir tenu bon pour faire monter l'addition payée par Verizon pour mettre la main sur ses principaux actifs, cette dernière - ainsi que sa gestion des équipes et du business - était loin de faire l'unanimité des actionnaires. Déjà, fin 2014, deux d'entre eux avaient vu d'un bon oeil un rapprochement avec AOL mais avait alors à l'époque reçu une fin de non recevoir de la part de la célèbre dirigeante. Ironie de l'histoire, un an et demi plus tard, le rapprochement d'AOL et de Yahoo a finalement bien lieu mais pour permettre aux actionnaires de Verizon - et plus ceux de Yahoo - d'en retirer les principaux bénéfices. Mais ces derniers ne partent pas les mains vides et pourront se satisfaire de la culbute faite par la vente de leurs actions au nouveau propriétaire Verizon. Reste à savoir si ce plan les intéressera bel et bien, le rachat de Yahoo par le géant des télécoms américain ne pouvant pas se faire sans leur consentement...