Les blockchains sont testées par nombre de secteurs aujourd’hui pour déterminer de quelles façons on pourrait tirer profit de cette technologie de grand livre distribué qui enregistre les transactions de façon infalsifiable (voir à ce sujet notre dossier : « La révolution blockchain accélère dans l’énergie, les services public et la finance ». Voici cinq cas d’applications dans des domaines différents. Le premier concerne les banques, parmi les premières à s'être intéressées au sujet. Curieusement, des fonctionnalités qui leur ont déplu lorsqu’elles servaient pour le bitcoin les intéressent maintenant pour établir des transactions entre elles, en dollars ou en livres sterling. Le système est public, les banques peuvent donc voir si leurs contreparties peuvent régler leurs dettes, et il est distribué, ce qui permet de conclure les transactions plus vite qu'avec certaines banques centrales.

Ainsi, la technologie d'un acteur comme Ripple permet aux banques de négocier entre elles au niveau mondial sans passer un opérateur central. Ses partenaires incluent UBS, Santander et Standard Chartered. Par ailleurs, UBS et Santander travaillent aussi de leur côté sur un autre projet de blockchain, dénommé Utility Settlement Coin, qui leur permettra d’effectuer des paiements dans diverses devises avec Deutsche Bank, BNY Mellon et d’autres établissements bancaires. Si ces systèmes se développent, ce n’est sans doute qu’une question de temps avant de voir de telles blockchains de paiement être réinjectées dans l’économie et venir concurrencer les mécanismes de transfert interbancaires tels que Swift. 

Identifier les objets connectés et vérifier les diplômes

Sur Internet, on peut conserver un certain anonymat et l’identité des objets connectés peut être  tout aussi difficile à établir. C’est particulièrement gênant si une entreprise cherche à identifier de façon sécurisée des équipements qui se connectent à son réseau et c’est ce qui a conduit le département américain de la sécurité intérieure à accorder des fonds (199 K$) à un projet développé par le Texan Factom. Celui-ci crée un système d’horodatage des connexions des terminaux IoT dans une blockchain, enregistrant ainsi leur numéro d’identification, leur fabricant, les mises à jour disponibles, les problèmes de sécurité connus et les permissions accordées. Cela pourrait se gérer dans une base de données classique, mais le ministère américain de l’intérieur espère que l’immuabilité de la blockchain compliquera la tâche des hackers qui voudraient se faire passer pour l’un de ces équipements connectés en les empêchant de modifier les enregistrements. 

Il n’y a pas que les objets que l’on peut usurper. C’est également vrai pour les qualifications. Si une entreprise cherche par exemple à recruter quelqu’un ayant acquis une expertise sur la blockchain (au hasard), et que le postulant lui affirme qu’il a les qualifications professionnelles, comment faire pour vérifier que les certifications dont il dispose sont valides ? L’éditeur de logiciels Learning Machine suggère que les candidats présentent leurs diplômes dans son app mobile afin que l’on puisse vérifier leur validité en utilisant Blockcerts. Il s’agit d’un standard ouvert conçu pour stocker les détails d’un diplôme ou d’un certificat dans la blockchain de façon à ce que tout un chacun puisse s’assurer de son contenu et de l’identité de la personne à qui il a été accordé, sans avoir besoin de contacter l’établissement scolaire ou l'organisme de formation qui l’a attribué. Learning Machine co-développe avec le MIT Media Lab. Le code de Blockcerts est publié sur GitHub

Répertorier les diamants avec Everledger

Les diamants sont éternels, dit-on. Cela signifie aussi que le système utilisé pour les suivre à la trace devra résister à l’épreuve du temps. Everledger s’appuie sur la technologie blockchain pour proposer un service de certification capable de prouver la provenance et d’identifier le propriétaire des diamants enregistrés dans son grand livre. La société utilise en fait deux blockchains : la première est privée et enregistre les informations que les négociants en diamants ont besoin de partager avec les acquéreurs, mais qu’ils ne veulent pas diffuser largement. La deuxième est la blockchain publique bitcoin qui fournit un horodatage incontestable pour les enregistrements privés. Everledger a bâti sa première base de données sur la plateforme de développement d’applications bockchain Eris développée par Monax, mais est récemment passé sur un système utilisant le PaaS Bluemix d’IBM. 

Les diamants sont des minéraux que l’on peut tout particulièrement identifier car ils ont à l’état brut des caractéristiques physiques uniques. Ceux qui sont taillés sont désormais marqués d’un numéro de série gravé au laser. Enregistrer chaque mouvement d’objets ayant une telle valeur permet aux assureurs de repérer la fraude et aux organisation internationales de s’assurer que le commerce de diamants ne finance pas les guerres. La CEO d’Everledger, Leanne Kemp, pense que le système pourrait également être utilisé pour les produits de luxe et le marché de l’art.

Walmart teste la traçabilité alimentaire avec la blockchain d'IBM

C’est un tout autre secteur qui est exploré en Chine, celui de la traçabilité de la viande de porc. La chaîne Walmart y teste la technologie blockchain d’IBM pour enregistrer la provenance de chaque morceau de porc qu’elle vend en Chine, le lieu et la façon dont il a été transformé, sa température de stockage et sa date limite de conservation. Si certains produits doivent être rappelés, il sera alors possible d’identifier les lots affectés, de dire où ils sont exactement et, s’ils ont déjà été vendus, qui les a achetés. Le projet pourrait être étendu à d’autres produits. La chaîne de distribution américaine vient tout juste en Chine d’ouvrir son centre de collaboration sur la salubrité des aliments (Walmart Food Safety Collaboration Center, WFSCC) pour travailler avec IBM et des partenaires industriels afin d’améliorer la sécurité alimentaire en utilisant la technologie blockchain.