Largement dominant dans le monde de l'édition avec ses logiciels d'illustration et de publication, Adobe vient de lancer une OPA sur le monde du Web en annonçant le rachat de son grand concurrent historique, Macromedia, pour 3,4 Md$ par échange d'actions.

La fusion devrait créer un géant de la création, de la diffusion et de la gestion de documents avec des technologies clés comme les formats PDF (Adobe) et Flash (Macromedia), mais aussi un solide ancrage chez les professionnels de la création graphique, vidéo et multimédia.

La force d'Adobe a traditionnellement résidé dans le marché du design et du graphisme pour le papier, un marché duquel il a largement chassé Macromedia. Ce dernier s'est, en revanche, accaparé une large part du marché de l'édition de sites Web avec son produit Dreamweaver et avec Flash. Macromedia dispose aussi d'une base fidèle de clients issus de son rachat de Coldfusion. Le mariage des technologies des deux éditeurs pourrait faire d'Adobe un poids lourd de la création et de la distribution de contenus multimédias. Au passage, la fusion pourrait mettre Adobe en concurrence frontale avec un Microsoft, qui ne cache pas ses ambitions en matière de plates-formes de distributions de contenus. Différence subtile : Adobe et Macromedia ont veillé à conserver le caractère multiplates-formes de leurs technologies (Flash est, par exemple, disponible sur la plupart des OS et se répand comme une traînée de poudre sur les téléphones mobiles), alors que celles du géant de Redmond restent largement liées à Windows.

Dans l'immédiat, le plus gros challenge pour Adobe sera toutefois de réussir l'intégration dans sa gamme des produits de Macromedia, un travail qu'il a déjà largement effectué ses deux dernières années avec ses différentes suites. La fusion pourrait conduire l'éditeur à sacrifier, à terme, Macromedia FreeHand, l'outil de dessin vectoriel concurrent d'Illustrator, et Adobe Golive, le lointain concurrent de Dreamweaver...