La CNIL a demandé hier de ne plus lui adresser individuellement de plaintes concernant l’étude menée par EU DisinfoLab sur l’influence des comptes Twitter les plus actifs lors de l’affaire Benalla. Dans un tweet, la Commission nationale de l’Informatique et des Libertés ajoute que les personnes concernées peuvent s’opposer directement auprès de DisinfoLab pour demander que leurs informations personnelles soient supprimées. Elle indique pour rappel un modèle de courrier permettant d’effectuer cette démarche. Peu après, la CNIL a annoncé que l’organisation à l’origine de l’étude étant située en Belgique, l’instruction des plaintes dont la Commission a été saisie se ferait « dans le cadre de la coopération européenne instaurée par le RGPD ».

Basée à Bruxelles, l’organisation non gouvernementale EU DisinfoLab explique sur son site qu’elle s’est donné pour mission de lutter contre la désinformation en développant et en utilisant une méthodologie permettant de cartographier les écosystèmes Twitter et d’autres sources d’information. Le 8 août, elle a ainsi publié une étude sur l’influence des comptes Twitter les plus actifs au plus fort de la polémique Benalla, du nom de l'affaire révélée en juillet par le quotidien Le Monde. Face aux vives réactions suscitées par la publication de son étude et aux soupçons de manipulation et d’utilisation à des fins de fichage politique, l’organisation a publié les données brutes qu'elles avaient analysées pour son étude, sous la forme de deux fichiers. Elle se justifie en expliquant qu'elle répondait ainsi « aux nombreuses demandes publiques de transparence » et assure avoir ensuite demandé à son hébergeur Free de supprimer les deux fichiers.

DisinfoLab « profondément désolé »

Mis à la disposition d’organismes de recherche des datasets et de journalistes, ces fichiers contenaient, d’une part le classement des comptes Twitter les plus actifs pendant l’affaire Benalla et, d’autre part, « le nombre de rumeurs par individus classé dans les plus actifs ». L’ONG belge a reconnu hier dans un communiqué qu’un grand nombre de personnes s'étaient senties fichées. « Nous ne l’avions pas du tout anticipé en rendant ces données publiques. Nous sommes sincèrement et profondément désolés et nous en tirerons toutes les leçons », assure-t-elle maintenant. 

L’affaire Benalla a été suscitée par le comportement d’un chargé de mission de l’Elysée ayant frappé un manifestant lors des manifestations du 1er mai 2018 à Paris, comportement révélé par une vidéo publiée par Le Monde.