Inégaux face aux démarches administratives en ligne. Le constat s’est imposé depuis longtemps, à travers notamment sa mise en évidence par Jacques Toubon, alors Défenseur des Droits. A l’heure où l’Etat accélère sa transformation digitale, réduire la fracture numérique devient urgent. Depuis 2019, le projet Aidants Connect, conçu au sein d’une start-up d’Etat, expérimente un service désormais prêt à se généraliser. Sa vocation est de permettre à un aidant professionnel d’effectuer des démarches administratives en ligne à la place d’une personne qui ne parvient pas à les réaliser seule. Et de le faire de façon juridiquement sécurisée. L’Agence nationale de la Cohésion des Territoires vient par ailleurs de publier un plan d’action pour mettre en place des leviers incitatifs autour la demande et de l’offre de formation aux différents métiers de l’accompagnement numérique.

Il s’agit d’un pan essentiel dans la lutte contre la fracture numérique, a souligné ce matin Cédric O, secrétaire d’Etat au Numérique, lors d’une conférence en ligne au cours de laquelle sont intervenus de nombreux acteurs engagés sur le terrain. Il s’inscrit dans le plan de relance du Gouvernement avec 250 millions mobilisés pour former et aider les Français éloignés du Numérique. Une enquête de l’Insee en 2019 a confirmé, après celle du CSA, qu’une forte proportion de citoyens ne se sentait pas à l’aise avec Internet. L’enveloppe débloquée va permettre de recruter 4000 conseillers numériques France Services formés et financés par l’Etat qui proposeront « des ateliers d’initiation au numérique au plus proche des Français ».

4000 conseillers numériques conventionnés seront déployés

Ces « 4000 conseillers numériques sont en train d’être conventionnés et déployés sur l’ensemble du territoire », a indiqué le secrétaire d’Etat. Les 500 premiers ont été conventionnés avec les départements, les métropoles et d’autres collectivités territoriales. L’un des autres piliers essentiels dans la lutte contre l’illectronisme, ce sont les professionnels déjà en fonction : employés de médiathèque, travailleurs sociaux, agents de collectivité territoriale, etc. « Ce sont eux qui, au quotidien, y sont confrontés dans leur travail », a rappelé Cédric O. Il faut donc également répondre à la transformation de leurs métiers. « L’Etat a toujours voulu avancer sur 2 jambes : développer le monde de la médiation numérique et mieux former ceux qui ne sont pas médiateurs numériques professionnels mais qui sont tous les jours confrontés à ces problèmes ».

La généralisation du service Aidants Connect se fera par vagues successives. Il permettra aux aidants professionnels de faire des démarches à la place de quelqu’un en sécurisant cette relation qui peut poser des problèmes juridiques et éthiques (sur le plan du RGPD ou en cas de contestation de la personne aidée). Depuis un an, dans le cadre du test du service, plus de 300 mandats ont été créés pour accompagner des usagers. Sur la partie validation des connaissances numériques acquises, un partenariat a été signé avec le GIP Pix. « Notre mission est de fabriquer un langage commun sur ce que sont ces compétences numériques », a rappelé Benjamin Marteau, directeur de Pix. Un référentiel commun est absolument central, a indiqué de son côté Cédric O : « Nous avons fait le choix de nous appuyer sur Pix, nous voulons le généraliser ». Par ailleurs, la formation des médiateurs numériques et des travailleurs sociaux déjà en postes se concrétise par un accord structurant avec Uniformation.