AMD a insufflé de l’IA générative (GenAI) dans certaines de ses gammes de processeurs les plus populaires destinés aux PC fixes et aux ordinateurs portables, plaçant l'entreprise au cœur du marché émergent des PC AI. Une initiative qui ne date cependant pas d'hier, la firme de Santa Clara a intégré dès 2023 des capacités IA dans ses puces pour PC. L'idée des PC AI est relativement simple : afin d'améliorer considérablement les tâches spécifiques à l'IA telles que la génération de texte à partir d'images, la création de contenu et le traitement d'images et de vidéos, des fournisseurs de composants comme Intel et AMD associent des circuits IA dédiées (des FPGA) dans les processeurs pour postes de travail fixes et mobiles.

La semaine dernière, lors d'une réunion d'information, AMD a déclaré que ses puces Ryzen pour ordinateurs de bureau seraient les premières à bénéficier de ces mises à jour et en particulier les modèles Ryzen 7, 5 et 3 Pro désignées sous le nom de série 8000. Le Ryzen 7 Pro à 8 cœurs, ainsi qu'une variante de la gamme Ryzen 5 Pro, seront dotés d'unités de traitement neuronal (neural processing unit, NPU) dédiées. Les puces Pro sont dotées de fonctionnalités supplémentaires comme Microsoft Pluton pour le chiffrement et une protection améliorée de la mémoire, ainsi qu'une meilleure prise en charge de l'ECC, de la virtualisation chiffrée, des fonctions de gestion à distance, etc. Par ailleurs, les processeurs pour laptop, notamment la série 8040, bénéficieront aussi un peu plus tard de mises à jour similaires axées sur l'IA. Disponibles dans plusieurs configurations, avec différents nombres de cœurs et de vitesses d'horloge, tous les processeurs, à l'exception de la variante 8540U, auront accès aux capacités IA comme l'a précisé AMD dans un communiqué.

Des puces pour améliorer la productivité

Selon le fournisseur, l'idée de base de l’IA est d'augmenter la productivité des entreprises dans plusieurs domaines clés : l'automatisation et l'efficacité, pour supprimer les tâches répétitives, en résumant rapidement les informations et en fournissant une traduction et une transcription pour les appels vidéo. L’optimisation et la maintenance prédictive, grâce à des outils de GenAI capables de comprendre les défaillances potentielles des appareils et de détecter rapidement les baisses de performance. Ainsi que l'intégration de NPU pour aider les créateurs de contenu à effectuer des tâches courantes et la capacité d'effectuer plus rapidement en local des tâches d'édition vidéo, d'optimisation et de « diffusion stable » de génération de texte en image. Sans compter des capacités en matière de sécurité, notamment la détection automatisée des menaces et un diagnostic et une résolution plus rapides des problèmes.

AMD n'est pas le seul à vouloir intégrer des NPU, et leurs capacités IA associées, dans les puces pour terminaux. En février, Dell avait annoncé qu'il allait s'associer à Intel pour utiliser ses Core Ultra (avec NPU) pour améliorer l’efficacité énergétique de ses microordinateurs, et les performances locales en matière d'IA. Une ambition confirmée par le directeur général de Dell Technologies France Anwar Dahab lors d'un point presse en février. Si l'engouement pour les PC AI ne cesse de croître, certains experts affirment cependant que les attentes des clients risquent bien d'être limitées par plusieurs facteurs. En premier lieu, dans un avenir proche, les applications GenAI les plus populaires devraient fonctionner presque exclusivement dans de grands cloud publics. Or, celles pouvant fonctionner sur des terminaux équipés de NPU seront plus limitées. L’autre facteur problématique s’appelle Microsoft, ou plus exactement Windows. Car si l'entreprise se concentre davantage sur la fourniture de ses propres fonctions IA via le cloud, elle n'a jusqu'à présent pas vraiment défini de stratégie cohérente en faveur d’une GenAI traitée sur des systèmes en local.

Une demande et des adeptes

Néanmoins, selon Jim McGregor, analyste principal chez Tirias Research, « le concept de PC AI a manifestement des adeptes, et il semble évident que la demande pour cette technologie existe ». Celui-ci entrevoit plusieurs améliorations basées sur l'IA pour les ordinateurs de bureau et portables. « La meilleure chose à faire sera d'améliorer les capacités des applications de productivité, et je pense que des systèmes digitaux seront bientôt disponibles pour scanner les courriels, les résumer et pointer ce qui est important ». L’analyste pense aussi que le véritable Graal de la technologie réside dans la personnalisation : rendre l'utilisation de l'IA transparente et adaptée à chaque utilisateur, plutôt qu'une interaction relativement anonyme avec un chatbot. « Une application qui pourra vraiment personnaliser l’IA sera inestimable », a-t-il ajouté. « Si l'IA est capable de connaître le type d'informations suivies par l’utilisateur ou les sources auxquelles il fait confiance, elle sera plus intelligente dans le contexte donné », a-t-il poursuivi. « Les nouvelles puces Ryzen coûteront entre 200 et 360 $ chacune, en fonction de leurs capacités spécifiques, et seront disponibles auprès d'équipementiers comme HP et Lenovo au cours des deux prochains mois », assure AMD.