Au troisième jour de son procès en appel pour abus de position dominante devant la cour européenne de première instance, Microsoft et ses juges ont battu le fer sur un des points d'achoppement majeurs : l'ouverture du code source de l'éditeur pour assurer l'interopérabilité de ses OS pour serveurs avec les produits de la concurrence. Une ouverture décidée en 2004 et imposée au groupe de Redmond en complément d'une amende de 497 ME. Microsoft a averti les magistrats que le fait de ne pas annuler cette mesure d'ouverture serait "le meilleur moyen de courir au désastre" pour le respect de la propriété intellectuelle en Europe. Selon l'éditeur, c'est seulement dans des circonstances exceptionnelles qu'une mesure antitrust peut profiter à la propriété intellectuelle. Or, poursuit le groupe américain, la Commission européenne n'est pas parvenue à justifier une telle exception. Selon Ian Forrester, l'avocat de Microsoft en charge de la partie serveurs du procès, les 11 % de parts de marché de Linux dans le domaine des serveurs en 2004 prouvent que le géant des logiciels n'a pas à partager son code source. Si Linux parvient à s'accaparer une telle part du marché sans disposer des informations que la Commission veut forcer Microsoft à partager, alors ces informations ne sont pas indispensables à la concurrence. Les défenseurs de Microsoft ont, par ailleurs, reproché à la Commission européenne son manque de compétences techniques. Des lacunes qui l'auraient conduite à se méprendre sur la définition même du marché des serveurs et, de fait, à imposer une interopérabilité permettant les concurrents de Microsoft à "cloner les produits" du mis en cause. "Faux", répond l'avocat de l'exécutif européen, la Commission s'est appuyée sur une définition légale de l'interopérabilité. Selon lui "les protocoles ne constituent pas les produits" et leur partage est insuffisant pour cloner le code des OS de l'éditeur.