Facebook se fait tacler par Apple après la révélation d'un programme à travers lequel le réseau social payait des utilisateurs, dont des adolescents à partir de 13 ans, pour pouvoir collecter leurs données personnelles moyennant 20 dollars par mois, ainsi que l’ont rapporté nos confrères de Techcrunch. L’affaire concerne une app de type VPN utilisée par Facebook pour recueillir des informations sur les habitudes des utilisateurs ainsi enrôlés et dont le téléchargement ne passait pas par l’App Store. La firme de Tim Cook a estimé que Facebook avait enfreint ses règles d'utilisation. Elle vient donc de révoquer le certificat développeur de cette app que Facebook utilisait dans le cadre d’un des programmes entreprise d’Apple. A travers ces programmes, Apple permet en effet à des entreprises comme Facebook de mettre des apps iOS à la disposition de leurs propres collaborateurs, pour les tester dans le cadre d’un usage interne, sans passer par l’App Store et donc sans les vérifications d’usage.

En révoquant le certificat de l’app, la firme de Cupertino a dans le même mouvement coupé l’accès à d’autres apps légitimement utilisées par les employés de Facebook sur iOS, perturbant dans la foulée l’activité de la société, rapporte encore Techcrunch. Selon nos confrères, cela inclut des versions testées en interne de Facebook et d’Instagram de même que des apps de collaboration et d’organisation utilisées par une partie des 33 000 collaborateurs de la société (comme l’accès aux horaires des navettes de transport pour les trajets quotidiens, par exemple). On imagine que l’épisode va entraver pour un temps la productivité de la firme.

Une violation claire de l'accord, selon Apple

Dans un communiqué repris par plusieurs sites, Apple déclare : « Nous avons conçu notre programme de développeur entreprise uniquement pour la distribution interne d’apps au sein d’une organisation. Facebook a utilisé son adhésion [à ce programme] pour distribuer une app de collecte de données à des utilisateurs grand public, ce qui constitue une violation claire de leur accord avec Apple ». Facebook a de son côté confirmé l’existence du programme de recherche existant depuis deux ans. « Il n’y a rien de secret à ce sujet », a indiqué un porte-parole de la société en rappelant que le programme « s'appelait littéralement Facebook Research App » et en ajoutant qu'il n’espionnait pas puisque « toutes les personnes qui ont accepté d’y participer ont été enrôlées suivant un processus clair qui leur demandait leur permission et qu’elles ont été payés pour y participer ». Selon ce porte-parole, moins de 5% d’entre elles étaient des adolescents avec un accord parental signé.

Il y a quelques mois déjà, Facebook avait dû supprimer une app similaire à VPN, Onavo Protect, qu’Apple avait déjà coupée après avoir modifié sa politique en interdisant désormais de collecter des données de cette façon. Depuis plusieurs mois, le réseau social créé par Mark Zuckerberg est mis en cause sur divers sujets, dont l’affaire Cambridge Analytica, qui a conduit son fondateur Mark Zuckerberg à devoir s’expliquer devant le Congrès américain. Facebook est également sous le coup d'une enquête de la Federal Trade Commission. Cerné de toutes parts sur ses mauvaises pratiques autour des données personnelles, le réseau social vient de recruter deux figures connues de la protection de la vie privée. Il s'agit d'une part de Nate Cardozo, précédemment conseiller juridique de l'Electronic Frontier Foundation, et de Robyn Greene, une ancienne d'Open Technology Institute. Ces embauches lui permettront-elles de redresser la barre dans la bonne direction ?