Lundi 13 mai, Chorus, le progiciel gérant la comptabilité et les dépenses de l'Etat, a été remis en service après un arrêt de deux semaines. Cette mesure exceptionnelle pour un système d'information central dans la gestion financière de l'Etat résulte d'une montée de version de l'application, un système sous SAP. Au total, Chorus concerne près de 23 000 utilisateurs dans l'ensemble des ministères et dans les services déconcentrés de l'Etat. Par ricochet, l'arrêt du système a aussi impacté le portail de facturation électronique Chorus Pro, utilisé par les fournisseurs de la sphère publique (l'outil revendique 900 000 utilisateurs actifs). L'administration avait ainsi averti ses fournisseurs que les factures déposées après le 14 avril ne pourraient être traitées avant la fermeture de l'application et seraient impactées par la période de fermeture de Chorus.

Ce système, qui consolide la comptabilité de l'Etat depuis 2012, reposait sur des composants d'ancienne génération - SAP ECC6 mais également SRM (gestion des marchés publics) et BM/BI (infocentre). Autant de solutions dont la maintenance doit s'arrêter en 2027. Le projet a donc pour « objectif de pérenniser le socle applicatif et technique de Chorus, mais aussi d'améliorer l'ergonomie de la solution en s'appuyant sur la nouvelle technologie Fiori (le nouveau standard d'interface de SAP, NDLR) et d'optimiser ses performances en s'appuyant sur la nouvelle base de données Hana », selon l'audit du projet mené par la Direction interministérielle du numérique (Dinum), la DSI de l'Etat.

Une migration à iso-fonctionnalités

« Du point de vue des utilisateurs, il apportera une modernisation visible de l'interface. Du point de vue technique et applicatif, il sécurisera la robustesse et la réactivité du SI », explique Denis Lambert, le responsable de la division Chorus Coeur et Formulaires de l'Agence informatique financière de l'Etat (AIFE), une agence dépendant de Bercy qui pilote le projet

Le projet vise donc avant tout à basculer de ECC6 vers S/4 Hana et à remodeler le portail utilisateurs avec Fiori, en supprimant au passage le recours à Citrix. Une méthode à « iso-fonctionnalités et iso-périmètre sans refonte des processus métier et des paramètres structurants fondamentaux de la solution », souligne la Dinum. Ce choix prudent s'explique tant par la forte volumétrie des données à nettoyer, puis à transférer ou à archiver, que par la quantité de développements spécifiques que renferme Chorus ou par la quantité d'environnements à migrer.

Plus de 33 M€ pour migrer

L'évolution des processus métiers n'est prévue que dans un second temps. De même, la solution conserve son hébergement traditionnel, avec un site primaire dans le bâtiment Vauban à Bercy et un site de secours situé dans un bâtiment des Douanes à Toulouse. Dans son avis, la Dinum incite l'Agence pour l'informatique financière de l'Etat (AIFE), d'examiner les possibilités offertes par le cloud, conformément à la doctrine cloud au centre de juillet 2021.

S'étalant sur deux ans- dont plus d'un pour les seuls tests de non-régression -, la montée de version avait été estimée à 33,6 M€ en juin 2022, auxquels s'ajoute 26,7 M€ de frais de fonctionnement par an, lors de l'audit de la Dinum, remontant à juin 2022. La dernière édition du panorama des grands projets de l'Etat, publiée par cette même direction, ne montre pas de dérapage budgétaire à date.