« Nous avons trébuché, nous avons perdu des parts, nous avons perdu de l'élan. Nous pensons que cela se stabilisera cette année ». Faite par le CEO d'Intel Pat Gelsinger lors de la présentation des résultats financiers de son premier trimestre 2023, cette déclaration a eu de quoi inquiéter. Elle se traduit désormais par des actions concrètes de la part du fondeur américain. Nos confrères de Silicon Angle rapportent ainsi que la firme prévoit de licencier « jusqu'à 20 % des employés de ses divisions client computing et datacenter ». C’est Dylan Patel, analyste en chef de la société d'études de marché SemiAnalysis, qui a révélé l’information le premier. Ce dernier a tweeté ce week-end que les deux branches d’activité verraient leurs budgets réduits d'environ 10 %. Cette décision devrait entraîner d'importantes réductions d'effectifs. Ainsi, chacune de ces divisions pourrait licencier jusqu'à un cinquième de ses effectifs. Pour rappel, la branche client computing est l'unité commerciale la plus importante du groupe, générant pas moins de 5,8 Md$ au premier trimestre 2023.

Dans un communiqué destiné aux actionnaires et daté du 2 mai 2023, l’entreprise a déclaré qu’elle « s'attache à réduire les coûts de 3 Md$ en 2023, pour atteindre 10 Md$ de réductions de coûts et de gains d'efficacité annualisés d'ici à la fin de 2025 ». Sans rentrer dans les détails, Intel a confirmé la rumeur auprès de Tom’s Hardware, indiquant ceci : « Intel s'efforce d'accélérer sa stratégie tout en naviguant dans un environnement macro-économique difficile. Nous nous concentrons sur l'identification des réductions de coûts et des gains d'efficacité grâce à de multiples initiatives, y compris certaines réductions d'effectifs spécifiques aux activités et aux fonctions dans des domaines de l'entreprise ». Cette vague de licenciements pourrait notamment impacter la situation économique de l’Oregon aux États-Unis, où la firme est considérée comme le premier employeur de l’Etat. Rien que dans le comté de Washington, situé dans le nord-ouest de l'État, Intel emploie plus de 22 000 personnes, pour un effectif global de 131 900 dans le monde.

Des perspectives mitigées pour le deuxième trimestre

En février dernier, déjà, l’entreprise a procédé à certains ajustements. Afin de naviguer « dans les vents contraires macroéconomiques et de travailler à la réduction des coûts dans toute l'entreprise », Intel a remanié ses programmes de rémunération et de récompenses des employés pour 2023 : les employés de niveau intermédiaire voient donc leurs salaires réduits de 5 % et les hauts dirigeants sont confrontés à des réductions de 10 %. Les cadres supérieurs de la société verront leur rémunération réduite de 15 %, tandis que le CEO d'Intel voit son salaire de base réduit de 25 %.

Le groupe s’attend à remonter la pente au deuxième trimestre 2023 et table sur un chiffre d'affaires compris dans une fourchette de 11,5/12,5 Md$. Cela représente toujours une baisse de 18 % en glissement annuel dans le meilleur des cas, mais constitue une amélioration par rapport aux baisses de plus de 30 % enregistrées au cours des deux derniers trimestres. Côté économies, le fondeur a également prévu de s’attaquer à son matériel : « À compter de janvier 2023, Intel a augmenté la durée de vie utile estimée de certaines machines et équipements de production de cinq à huit ans. Par rapport à la durée de vie utile estimée en place à la fin de 2022, nous prévoyons que la charge d'amortissement totale en 2023 sera réduite de 4,1 Md$. Nous prévoyons que ce changement entraînera une augmentation d'environ 2,3 Md$ de la marge brute, une diminution de 400 M$ des dépenses de R&D et une diminution de 1,4 Md$ de la valeur des stocks de fin d'exercice ». Un changement qui devrait déboucher sur un bénéfice de 0,10 $ pour le BPA, « réparti approximativement à 80 % sur le coût des ventes et à 20 % sur les dépenses d'exploitation » a précisé Intel.