Intel attend avec impatience le bout du tunnel. Force est de constater que ce n'est pas pour tout de suite : après une année 2022 très compliquée, le fondeur américain a publié ses résultats financiers pour son premier trimestre 2023 et les chiffres ne sont pas bons. Sur cet exercice, le résultat net du groupe a sombré à - 2,8 Md$ contre un bénéfice l'an passé de 8,1 Md$. Il s'agit du plus mauvais indicateur enregistré par Intel depuis sa création. Le chiffre d'affaires s'est aussi écroulé de 36 % à 11,7 Md$ versus 18,4 Md$ un an plus tôt. Il faut remonter à 2010 pour voir un niveau de ventes aussi faible. Si les revenus dépassent légèrement les prévisions du groupe (10,5-11,5 Md$) la perte nette est plus importante que prévue (-2,3 Md$ pour une perte nette par action de 0,66$ contre 0,8$).

« Nous avons trébuché, nous avons perdu des parts, nous avons perdu de l'élan. Nous pensons que cela se stabilisera cette année », a déclaré le CEO d'Intel Pat Gelsinger lors d'une conférence téléphonique avec les investisseurs. Suite à cette annonce, l'action du groupe a perdu 9,5 % avant de remonter.

L'activité service de fonderie en rodage

Le groupe s'est engagé dans un vaste plan de transformation consistant en particulier à faire monter en puissance une activité de service de fonderie (IFS), comme nous l'a récemment indiqué Erwan Montaux, le nouveau directeur général d'Intel en France. Mais pour l'heure, celle-ci est loin de dégager les volumes suffisants pour limiter la casse. Sur les trois premiers mois de l'année, cette activité a généré 118 M$, en baisse de 24 % sur un an. A comparer aux 5,8 Md$ et 3,7 Md$ des business client computing group et datacenter/AI mais dont les reculs ont été encore plus marqués, respectivement de -38 % et -39 %). Les revenus de Mobileye sont cependant à contre courant, une bonne nouvelle, avec 16 % de hausse atteignant 458 M$.

Pour son deuxième trimestre 2023, le fondeur table sur un chiffre d'affaires compris dans une fourchette de 11,5/12,5 Md$. Cela représente toujours une baisse de 18 % en glissement annuel dans le meilleur des cas, mais constitue une amélioration par rapport aux baisses de plus de 30 % enregistrées au cours des deux derniers trimestres. La perte par action attendue est de 0,62$ se qui devrait se traduire par un résultat net encore largement négatif. A noter que la firme a trouvé un moyen intéressant d'améliorer son bilan : « à compter de janvier 2023, Intel a augmenté la durée de vie utile estimée de certaines machines et équipements de production de cinq à huit ans. Par rapport à la durée de vie utile estimée en place à la fin de 2022, nous prévoyons que la charge d'amortissement totale en 2023 sera réduite de 4,1 Md$. Nous prévoyons que ce changement entraînera une augmentation d'environ 2,3 Md$ de la marge brute, une diminution de 400 M$ des dépenses de R&D et une diminution de 1,4 Md$ de la valeur des stocks de fin d'exercice. Les perspectives d'Intel pour le deuxième trimestre 2023 incluent un bénéfice d'environ 500 M$ pour la marge d'exploitation ou un bénéfice de 0,10 $ pour le BPA provenant de ce changement, réparti approximativement à 80 % sur le coût des ventes et à 20 % sur les dépenses d'exploitation ».