La propagation du WiFi au sein des espaces publics et privés incite à mettre en oeuvre ce standard de communication sans fil pour de nouveaux types d’applications comme la détection de présence humaine, la reconnaissance d’activité ou le suivi d’objet. Un article publié sur Arxiv par Francesco Restuccia, professeur assistant du département d’ingénierie électrique et informatique de l’Université Northeastern (Boston), fait un point sur les avancées du groupe de travail 802.11bf de l’IEEE (TGbf) qui définit les modifications à apporter au standard. « Les points d’accès WiFi sont tellement omniprésents que les opérateurs mobiles devraient leur transférer 63% de leur trafic de données en 2021 », souligne le professeur. Et les équipements qui les utilisent sont de plus en plus divers. Cette concentration extrême d’appareils WiFi pourra servir à cartographier l’environnement de façon continu en utilisant les signaux WiFi sous forme d’ondes sonores.

Pour Francesco Restuccia, lorsque le standard 802.11bf sera finalisé et introduit en tant que norme IEEE en septembre 2024, le WiFi ne sera plus seulement une norme de communication mais deviendra un moyen de détection à part entière. L’idée derrière la détection WiFi, aussi appelée SENS au sein de la communauté IEEE 802.11, c’est de tirer parti des mesures CSI (Channel State Information) pour détecter et éventuellement suivre la présence d’obstacles entre un transmetteur et un receveur. A partir des différences d’interférence du signal WiFi, on pourrait mesurer la distance, la vitesse, la direction, le mouvement, la présence et la proximité de différents éléments, selon le contexte et l’environnement (maison, bureau, véhicule, entreprises).

Des questions sur la sécurité et le respect de la vie privée

Si l’on peut imaginer une diversité d’applications pour améliorer la vie quotidienne, la question de la sécurité et du respect de la vie privée se posent. D’autant que les signaux WiFi pouvant pénétrer des objets et être utilisés sans lumière, les utilisateurs risquent même de ne pas réalisés qu’ils sont détectés et suivis, pointe le chercheur dans son article. « Des garanties doivent être fournies aux utilisateurs », souligne-t-il en confirmant qu’un certain nombre de problèmes à prendre en compte avaient été identifiés sur ces questions. Avec l’introduction de la norme IEEE 802.11bf ce sont 10 ans d’efforts de recherche qui se concrétiseront. Il reste encore trois années pour améliorer le standard et trouver des réponses aux défis qui restent encore posés.