Le petit monde de l’open data s’est retrouvé à la Villa Good Tech (chez Linagora sur l’Ile St Germain à Issy Les Moulineaux) le vendredi 16 juin pour clôturer le salon VivaTech et mettre en avant l’association Datalliance. Lancée le 8 juin dernier à l’initiative de l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière), le réseau Datalliance ambitionne de renforcer les synergies entre les acteurs publics et privés pour mieux accompagner la proposition de planification écologique au cœur du dispositif France Nation Verte du Gouvernement. Comme l’explique l’IGN dans un communiqué de presse, “dans un premier temps, Datalliance va dresser une cartographie des différentes ingénieries de la commande publique pour définir la meilleure façon de mettre ces alliances au service des commanditaires publics. Ce travail de veille et de concertation s’engage progressivement via diverses modalités (rencontres préalables, partage de retours d’expérience, espaces d’échange…) sous la bannière Datalliance”. Les données récoltées et partagées proviennent bien sûr de différentes sources : géo-analyse, imagerie radar, satellite, télédétection hyper-spectrale... 

Claude Pélican, directeur adjoint des programmes et de l'appui aux politiques publiques à l’IGN, nous a précisé lors d’un entretien que “Datalliance rassemble aujourd’hui près de 10 partenaires (1Spatial, Geofit Group, I-Sea, Kayrros, Kermap, LuxCarta, NamR, Pregilens, Promethée et SpaceSence), convaincus par cette initiative, mais ce n'est pas limitatif : d'autres acteurs publics au sein des administrations centrales sont porteuses des politiques publiques et sont assez intéressées par cette initiative”. Interrogé sur l’épineuse question de l’open data, le dirigeant nous a confirmé : "tous ces projets dont nous parlons et pour lesquels nous fédérerons les énergies, entre le secteur public et des acteurs privés, c'est bien pour faire de l'open data. Nous sommes dans ce modèle d'apporter de la donnée en appui des politiques publiques qui soient largement réutilisables et ouvrables. Nous visons vraiment à faire de la data ouverte, il y a des savoir-faire, il y a des acteurs avec des technologies innovantes pour produire ces données et l'idée c'est plutôt - que d'essayer de tout faire avec l'IGN y a des moyens limités - d'agréger les ressources” et de mettre en place une sorte d’IGN augmentée avec des outils de traitement des données avec ou sans IA. L’IGN assurerait en fait un rôle de tiers de confiance en accompagnant des start-ups et des PME innovantes dans cette initiative en “garantissant la cohérence des données géographiques dans un contexte où la fiabilité et la neutralité des données sont devenues des enjeux de souveraineté pour la puissance publique”. Une sorte de poste de pilotage pour comprendre les événements climatiques de plus en plus violents (sécheresse, feux de forêt, inondations, érosion du littoral) et opérer les politiques qui s’imposent – occupation des sols, gestion des ressources, pratiques agricoles et sylvicoles, modes de transport, énergies renouvelables…

Valider les propositions des start-ups 

“L’IGN a déjà mis en place une plateforme qui a vocation à héberger toutes ces données - effectivement avec des flux et des API standardisés - qui pourront soit être téléchargées pour ceux qui le souhaitent, soit être accédées en ligne. À travers cette infrastructure, on pourrait accéder avec des API à différents types de données en fonction des besoins”, nous a précisé Claude Pélican. Les entreprises qui ont rejoint DataAlliance apportent des technologies innovantes de production de la data à travers l'intelligence artificielle, mais elles peinent à accéder aux grands marchés publics parce que tous les organismes publics ne sont pas comme l'IGN. Ils ne possèdent pas un certain nombre d'expertises publiques qui leur permettent de juger le sérieux de ce que leur proposent les entreprises. Donc, nous apportons notre caution et notre analyse scientifique au sein de DataAlliance”. Une sorte de cadre de confiance pour convaincre les acteurs publics qu’ils peuvent utiliser ces solutions labélisées, comme si c’était l’IGN qui les avait développées.

Claude Pélican, directeur adjoint des programmes et de l'appui aux politiques publiques à l’IGN, dans le jardin de Linagora à Issy Les Moulineaux. (Crédit S.L.)

Dix start-ups ont d’ores et déjà rejoint Datalliance, dont 1Spatial au service des villes intelligentes, Kermap pour les données au service de l’urbanisme, ou encore NamR pour accompagner la rénovation énergétique des bâtiments. Pour commencer, trois sujets sont aujourd'hui mis en avant : les énergies renouvelables avec notamment la question des panneaux photovoltaïques. “Il y a une mauvaise connaissance en France des champs de panneaux photovoltaïques au sol, donc on va essayer de cartographier avec une entreprise à partir d'images satellites qui vont extraire automatiquement les surfaces aménagées”. Il y a également un autre sujet autour de la connaissance des forêts et des risques d'incendie : “Nous n'avons pas de système aujourd’hui et notre prévision est très court-termisme. Dernier sujet mis en avant la simulation avec les jumeaux numériques : ” L’idée est de passer à quelque chose de plus dynamique où on suit l'évolution des phénomènes. Ce n’est pas simplement de suivre les événements, nous devons pouvoir nous projeter afin de simuler le futur un certain nombre de fois”.