Oracle vient de lancer un lot de serveurs Unix à base de processeurs Sparc et a annoncé à cette occasion qu'il avait entamé le processus de convergence de ses deux familles de machines Unix vers une architecture processeur unique. La firme de Redwood commercialisait jusqu'à présent deux lignes de serveurs Unix, la série T, basée sur les processeurs Sparc qu'il conçoit en interne, et les modèles haut de gamme de la série M,  traditionnellement construit par Fujitsu et revendu par Oracle, qui exploitent des puces Fujitsu Sparc64.

Hier, Oracle a annoncé les dernières évolutions de ses serveurs série T et présenté les premières machines de la série M conçues par Oracle et basée sur l'un de ses propres processeurs Sparc. « C'est du 100% Oracle », a déclaré Marshall Choy, directeur des activités systèmes, dans une interview à notre confrère d'IDG NS James Niccolai.

Les observateurs ont longtemps attendu qu'Oracle décide de faire converger ses deux lignes de serveurs vers une architecture processeur unique, un geste qui pourrait réduire ses coûts de développement en matériel et logiciels, à un moment où les ventes de son activité hardware sont à la baisse. « C'est vraiment le premier pas vers ce souhait », a déclaré l'analyste Nathan Brookwood d'Insight64.

Huit à seize coeurs par Sparc T5

Ce mardi, Oracle a annoncé cinq serveurs séries T, milieu de gamme donc, reposant sur son processeur Sparc T5, qui double le nombre de coeurs par rapport au Sparc T4. Soit de huit à seize coeurs, avec des fréquences d'horloge plus véloces et une hausse de la bande passante en E/S et de la capacité mémoire. Les modèles T sont disponibles en version lame monosocket, et en rack avec deux, quatre et huit sockets. Oracle indique qu'ils vont apporter un gain de performances important pour les bases de données, le middleware Java et les applications d'entreprise.

Le serveur M5-32 est quant à lui un modèle SMP haut de gamme (multitraitement symétrique) qu'Oracle positionne face à l'IBM Power 795. Il prend en charge jusqu'à 32 To de mémoire système - une quantité énorme - et repose sur un processeur six coeurs Sparc M5, qui partage le même noyau que le Sparc T5 également annoncé mardi. Principale différence entre les puces T5 et M5 ? Oracle a supprimé certains coeurs du M5, qui ne sont pas aussi utiles dans les systèmes SMP, et a considérablement augmenté la mémoire cache de niveau 2 - six fois plus, dit Choy - et d'autres caractéristiques adaptées à ces machines haut de gamme. C'est une stratégie similaire à celle qu'Intel poursuit avec ses noyaux x86, souligne M. Brookwood , qui est de développer un coeur de processeur et d'ajuster le nombre de coeurs, la taille du cache et d'autres caractéristiques de la puce en fonction de l'usage des serveurs.



Oracle a annoncé cinq serveurs séries T et un modèle série M basé sur ses puces T5

Oracle affirme que ses serveurs seront très compétitifs face aux systèmes IBM Power sur le plan du coût et des performances, et la firme de Redwood prévoit de publier des résultats de tests destinés à démontrer ce dernier point.


La fin de la collaboration avec Fujitsu ? 

Malgré l'annonce des serveurs de la série M, M. Choy n'a pas voulu confirmer si Oracle prévoyait de proposer tous ou la plupart de ses systèmes SMP avec sa propre puce Sparc. « Nous nous concentrons sur les systèmes que nous annonçons ce mardi », a-t-il dit. Mais les analystes estiment qu'Oracle a programmé cette bascule sur une longue période. «Ils ont toujours dit qu'ils feraient cela sur plusieurs années», a déclaré M. Brookwood. Cela s'inscrit dans la stratégie d'Oracle de concevoir en interne des systèmes entiers, des puces au système d'exploitation, en passant par les bases de données et les applications. Oracle affirme qu'il peut ainsi construire des systèmes plus performants, même si cette stratégie lie un peu plus encore les clients d'Oracle à son matériel et à ses logiciels.

« Je pense que cela leur semble la bonne stratégie, ce qu'ils vendent vraiment c'est l'intégration», a déclaré Joe Clabby, président de Clabby Analytics. Mais il s'est aussi demandé combien de temps il sera économiquement viable pour Oracle de continuer à développer ses propres microprocesseurs. Les ventes de matériel Unix ont diminué et, au dernier trimestre, elles étaient à peu près à la moitié du niveau de ce qu'elles étaient quand Oracle a acheté Sun Microsystems il y a trois ans. « Ils viennent juste de sortir d'un mauvais trimestre, combien de temps peuvent-ils continuer à investir dans ce domaine, s'interroge M. Clabby.