Pour convaincre les observateurs du marché et les utilisateurs potentiels que leur tablette Playbook était  un candidat sérieux dans une arène dominée actuellement par l'iPad d'Apple.
les dirigeants de RIM se sont déplacés en force jeudi soir à New York. Plutôt que d'effectuer une annonce traditionnelle,  ils ont décidé d'organiser une soirée, avec DJ, chansons, bars et tables dressées pour des cocktails. Les responsables de RIM  se sont mêles à la foule et ont serré des mains, boudant le traditionnel discours. Reste que la Playbook, qui devrait être commercialisée à partir du 19 avril, devra S'engager dans une rude bataille, même si certains ont fait l'éloge de son interface, basée sur le logiciel développé par QNX, un fabricant de systèmes d'exploitation pour terminaux mobiles racheté par le constructeur canadien.


3 000 apps pour la Playbook, 65 000 pour l'iPad

Animée par un processeur dual-core cadencé à 1GHz, cette tablette intègre deux appareils photo haute résolution - un devant et un derrière - et une sortie micro-HDMI.  La version 16 Go revient à 500 $,  le modèle 32 Go coûte 600 $, et celui à 64 Go est commercialisé au prix de 700 $. Sur le plan logiciel, de nombreux chroniqueurs ont cité une litanie de défauts, le plus flagrant étant le manque d'applications pour la messagerie.
Pour créer des e-mails sur la Playbook, les utilisateurs doivent établir une connexion WiFi et utiliser une application basée sur un navigateur, comme Gmail, ou établir une liaison Bluetooth vers  un BlackBerry via une fonctionnalité appelée Bridge. Celle-ci donnant accès à toutes leurs applications du smartphone de RIM.

La tablette de RIM pèse un peu moins de 500 grammes. Elle   est équipée d'un écran de 7 pouces, soit environ la moitié de la surface d'un écran iPad et c'est ce point qui constitue l'un des principaux arguments de vente pour le co-PDG de RIM  Mike Lazaridis. Mettant en avant le système d'exploitation basé sur QNX, le dirigeant a souligné les avantages de l'interface qui permet aux utilisateurs de passer facilement d'une application  à une autre. « Le multitâche est une fonction qui nous permet d'obtenir une longueur d'avance », s'est réjoui Mike Lazaridis.  « Je peux faire des choses aussi vite que lorsque j'y pense. »

Reste que la Playbook manque de ce que de nombreux utilisateurs considèrent comme des caractéristiques de base comme un calendrier intégré, la base de données de contacts, et une application de chat. Lorsque qu'elle sera mise en vente, 3 000 apps seulement seront disponibles, contre 65 000 sur l'App Store pour l'IPad.

Le support de Flash pourrait faire la différence

« La PlayBook est une voiture de course à qui il manque une roue », a déclaré Sarah Rotman Epps, une analyste chez Forrester Research qui a assisté à la soirée de lancement. « Même si cette tablette est hyper puissante, ce qui constitue un bon point pour l'avenir de RIM, il lui manque certains éléments clés, comme l'application native de messagerie. Or, selon les données de notre cabinet, la première attente des utilisateurs de tablettes réside dans le fait de pouvoir envoyer et recevoir des e-mails »  Pour l'analyste, le support de Flash pourra toutefois peser dans la balance de la Playbook contre l'iPad, « Selon nos estimations,  23 %  des personnes qui  envisagent d'acheter une tablette indiquent que le nombre d'applications figure dans leur top trois des critères qui les incitera à s'en offrir une. », précise l'anayste. « Pour 19%, le support du Flash est important, ce qui nous conduit penser que la Playbook perdra peut-être la bataille face à l'iPad sur le plan des apps, mais qu'elle remportera la victoire grâce à Flash. »

« Le marché des tablettes tactiles est un marché en forte croissance, qui atteindra un point culminant et qui devrait  permettre à différents acteurs d'y trouver leur place », a pour sa part déclaré Bart van der Horst, directeur général chez Canalys, lors du lancement de la Playbook. « Apple est bien sûr un grand joueur sur ce marché, mais l'on verra Samsung, Microsoft, ainsi que RIM faire également de bonnes affaires »

Toutefois,  certains DSI  adoptent une attitude attentiste, même si le BlackBerry est un produit de base pour leurs sociétés. « Le débat n'est pas tranché », a estimé Gregg Davis, DSI de Webcor Builders,  Dans sa société, plus de la moitié des smartphones sont des BlackBerry. Pour le DSI, l'un des principaux problèmes de la Playbook réside dans le fait que les utilisateurs doivent la relier à leur  BlackBerry pour pouvoir utiliser des applications comme l'e-mail. « Ceci constitue un énorme désavantage », considère- t-il « Si  vous êtes dans un hôtel, que vous avez laissé votre mobile à l'étage et que vous souhaitez utiliser la  tablette de RIM,  vous devez retourner à l'étage pour aller chercher votre smartphone ».