Amazon Web Services  fait un pas en avant dans un domaine encore peu exploré de l'informatique quantique : la mise en réseau. « L’AWS Center for Quantum Networking (CQN) va tenter de relever les défis scientifiques et techniques liés à la création de matériels, logiciels et applications pour les réseaux quantiques », a déclaré AWS. Le centre développera d'autres travaux sur les réseaux quantiques menés par AWS au sein de l'AWS Center for Quantum Computing, de l'Amazon Quantum Solutions Lab et de son service Amazon Braket. Ce dernier propose un environnement de développement pour créer des algorithmes quantiques, les tester sur des simulateurs de circuits quantiques et les exécuter sur différents matériels quantiques, notamment les ordinateurs Rigetti et D-Wave.

Pour exploiter tout le potentiel des ordinateurs quantiques, il est nécessaire de les connecter entre eux au sein d’un réseau quantique. « S’ils ne suscitent pas autant d’intérêts que les ordinateurs quantiques, les réseaux quantiques ont des applications potentielles fascinantes », ont déclaré dans un blog les chercheurs du CQN, Denis Sukachev et Mihir Bhaskar. « Elles permettent par exemple des communications mondiales protégées par la distribution de clés quantiques avec des niveaux de confidentialité et de sécurité impossibles à atteindre avec les techniques de chiffrement conventionnelles », ont encore écrit les scientifiques. « Les réseaux quantiques pourront également fournir des serveurs quantiques puissants et sécurisés dans le cloud en connectant ensemble et en amplifiant les capacités des processeurs quantiques individuels ».

Des contraintes à surmonter 

Les réseaux quantiques utiliseront certaines technologies déjà déployées pour les communications optiques modernes, comme les lasers, les fibres et les détecteurs. Cependant, les réseaux quantiques reposent sur des photons individuels pour transporter les données et non sur de puissants lasers capables de transporter les données sur des canaux de longueurs d'onde différentes. Cette particularité présente des inconvénients. « Si les photons uniques confèrent de nombreuses capacités particulières aux réseaux quantiques, ils posent aussi un grand défi, car la mécanique quantique interdit leur amplification, ce qui limite la portée du réseau », ont encore écrit les scientifiques dans ce blog. « De plus, la faiblesse des photons uniques complique leur interfaçage avec les dispositifs actuels d'informatique quantique. Cela signifie qu’il faudra développer de nouvelles technologies spéciales, comme des répéteurs et des transducteurs quantiques pour pouvoir mettre en œuvre des réseaux quantiques mondiaux », ont expliqué les chercheurs. 

Outre AWS, la communauté quantique ne cesse de s’étendre. Elle comprend Cisco, Juniper, IBM, Intel, Microsoft, Google, Baidu, Honeywell et Quantinuum. Pour sa part, Cisco a annoncé la préparation d’un environnement de réseau hybride capable de prendre en charge les signaux classiques et d'autres technologies utilisant la photonique pour transmettre des qubits de serveur à serveur. Selon Cisco, la photonique, qui utilise la lumière pour transmettre des données et contrôler divers mécanismes de mise en réseau, jouera également un rôle important dans la plupart des environnements quantiques. Certains disent que l'industrie n'adoptera pas le quantique de manière significative avant cinq à dix ans, mais l'intérêt est bel et bien là. Gartner prévoit que près de 40 % des grandes entreprises auront mis en place des initiatives quantiques d'ici à 2025, et IDC estime que le marché mondial de l'informatique quantique représentera 16,4 milliards de dollars en 2027. Selon IDC, ces investissements vont se traduire par des vagues d'innovations et de percées technologiques qui permettront aux entreprises d'appliquer l'informatique quantique à un ensemble de cas d’usage divers et toujours plus riche, impliquant l'analyse d'énormes ensembles de données, un nombre exponentiel de variables et un nombre inépuisable de résultats possibles.