L'équipementier industriel français CNIM intervenant dans les secteurs de l’environnement, de l’énergie, de la défense et des hautes technologies n'est pas au meilleur de sa forme. Après avoir cédé en juin dernier les activités IT de sa filiale Bertin Technologies (regroupant Bertin IT et Vecsys spécialisé notamment en cybersécurité et veille stratégique) à la société ChapsVision, le groupe s'en déleste une fois pour toute. Entré en négociation exclusive il y a plus de 15 jours avec le fonds de consolidation et de développement des entreprises (FCDE), le CNIM concrétise son intention. Suite à cette opération, le FCDE devient ainsi actionnaire majoritaire de Bertin Technologies aux côtés de l'équipe de management actuelle qui est reprise, ainsi que l'ensemble des 450 salariés pour qui un plan d'actionnariat salarié sera ouvert. Jusqu'alors directeur général de Bertin Technologies, Bruno Vallayer va en prendre la présidence. Le bouclage de l'opération, sujet aux feux verts des autorités compétentes, doit être finalisé dans le courant du 1er semestre 2022. Le montant de cette acquisition n'a pas été précisé mais s'élèverait à plusieurs centaines de millions d'euros.

Bertin Technologies est un acteur historique (1956) dans les domaines du nucléaire, de la défense et sécurité, de la santé et du spatial. Il propose notamment des équipements de détection et d’identification des rayonnements ionisants, de la menace nucléaire, radiologique, biologique et chimique mais aussi de systèmes embarqués haute précision pour le spatial. La société avait été rachetée par CNIM en 2008 qui a dû se délester de sa pépite à la suite de difficultés, le groupe ayant enregistré sur le 1er semestre 2021 une perte de 77,5 millions d'euros. Après avoir réalisé 80 millions d'euros de revenus en 2020, Bertin Technologies boucle cette année avec un chiffre d'affaires de 90 millions d'euros. Et pour les prochains exercices, une croissance annuelle à deux chiffres est visée.

Redonner une large autonomie opérationnelle et stratégique

« Le Groupe Bertin est déjà très présent à l'international qui représente environ 50% de son chiffre d'affaires. Grâce à ses savoir-faire pointus, nous sommes convaincus qu'il a encore énormément de potentiel de développement sur de nombreux marchés à l’étranger, que nous allons chercher à accélérer », nous a expliqué Réjean Guern, associé et membre du directoire du FCDE. Et Brice Carlot, également associé et membre du directoire du FCDE d'ajouter : « Nous allons investir dans la société et dans ses équipements avec aussi des recrutements et des investissements lourds pour soutenir la croissance organique assez forte et préparer les marchés de demain comme les synchrotrons. Il y aura aussi de la croissance externe et des acquisitions pour apporter de nouvelles technologies et couvertures géographiques ».

Dans le domaine des synchrotrons (instrument d'accélération des particules élémentaires) justement, Bertin a signé en novembre 2021 une convention avec le CNRS, un de ses partenaire historique depuis plus de 15 ans, en vue de constituer au sein du LSBB (laboratoire souterrain à bas bruit) une plateforme européenne de fabrication d'optiques haute performance pour le marché des synchrotrons.

Suite à ce rachat, le FCDE promet d'accorder à Bertin Technologies une large autonomie opérationnelle et stratégique. Comptant en tant que souscripteurs des institutions financières (banques et assurances), ce fonds est géré par Consolidation et Développement Gestion (CDG), société de gestion indépendante agréée par l’AMF. En mettant la main sur Bertin, le FCDE pense lui donner les marges de manoeuvre nécessaires pour se développer tant d'un point de vue commercial qu'industriel en s'appuyant en particulier sur une équipe de management solide et très expérimentée. Bertin va également reprendre la main sur les moyens alloués à ses fonctions transverses (IT et administratif) qui pourront être aussi bien externalisées qu'internalisées selon ses besoins.