Flexibilité, augmentation de la qualité, réduction des risques et simplification de la gestion quotidienne. Pour Pierre-Jean Esbelin, auteur de 'Externalisation des SI : La révolution cloud', les gains d'une opération d'externalisation sont avant tout indirects, et doivent déboucher sur une hausse de la productivité des utilisateurs et une amélioration de l'agilité de l'organisation. D'où l'échec ou les déceptions qui accompagnent les démarches qui se focalisent d'abord sur la baisse des coûts.

Basée des expériences concrètes illustrant les motivations pouvant conduire une entreprise à décider de l'externalisation de son SI, cette troisième édition du guide pratique (publié aux éditions Gereso) fait un zoom sur le cloud, objet d'un chapitre dédié. Pour Pierre-Jean Esbelin, cette forme d'externalisation est avant tout « une redistribution des cartes d'un jeu bien connu ». Selon l'auteur, ancien d'EDS (société pionnière de l'outsourcing), passé également par CSC et Devoteam et devenu expert dans le conseil en externalisation, si le cloud est présenté comme une avancée technologique, il constitue « plutôt une rupture organisationnelle dans la façon d'externaliser tout ou partie du système d'information. » Bref, une forme presque grand public d'outsourcing, mais avec un ADN inchangé.

Les termes du contrat sont « à prendre ou à laisser »

Le guide met l'accent sur la nécessité d'une compréhension « de bout en bout » des mécanismes de facturation du cloud, « depuis la commande du service par l'utilisateur jusqu'à la ventilation des milliers de lignes de la facturation du CSP (Cloud Service Provider, NDLR) dans la comptabilité analytique de l'entreprise cliente ». Par ailleurs, pour Pierre-Jean Esbelin, l'arrivée du cloud se traduit par deux changements majeurs dans la relation entre client et fournisseur autour du contrat d'externalisation. Primo, le contrat cloud est une externalisation dont « les termes sont à prendre ou à laisser pour ce qui est du catalogue de services proposé ». Secundo, cette forme d'externalisation se traduit par un déplacement net, vers l'entreprise cliente, du curseur des rôles et responsabilités, tant lors des phases de transition et de transformation que lors de l'exploitation.

« Ce déplacement du curseur et ses conséquences ne sont pas forcément bien compris, quand ils ne sont tout simplement pas vus », écrit l'auteur, qui y voit la « zone d'ombre du discours commercial, voire marketing du fournisseur ». Ce qui impose à la DSI de se réapproprier les compétences nécessaires, mais aussi aux directions des achats, à la finance, au département juridique, aux RH, mais aussi aux métiers eux-mêmes de se familiariser avec les caractéristiques nouvelles de cette forme d'externalisation.

« La mécanique complexe, c'est vous qui en avez la charge »

« Vous connaissiez l'externalisation et ses défauts, y compris le manque d'innovation de l'infogérant et vous pensez qu'avec le cloud, vous aurez un service à la demande et une facture en rapport. C'est vrai », écrit Pierre-Jean Esbelin. Qui se hâte de détailler la face plus sombre de cette même réalité : « La mécanique complexe que construisait auparavant l'infogérant qui externalisait votre informatique, c'est désormais vous qui en avez la charge. » La conclusion de l'auteur est limpide : « le niveau d'exigence pour une mise en oeuvre réussie du cloud est inversement proportionnel à la simplicité apparente de son discours marketing. »