Il y a trois ans, l’éditeur français Bonitasoft a réorienté avec succès son offre de gestion des processus métiers vers les grandes entreprises qu’il accompagne maintenant dans leurs projets complexes de transformation digitale. Des groupes comme Crédit Agricole, Hyster-Yale et Verallia comptent parmi ses clients. La société créée en 2009 sur le choix de l’open source s’est aussi constitué une communauté de 150 000 développeurs. Profitable depuis 2016, elle s’engage maintenant dans une 2ème phase de croissance en changeant d’investisseurs. Fortino Capital Partners, fonds belge spécialisé dans les logiciels B2B, rachète les parts de Bpifrance, Auriga Partners, Serena Capital et Ventech pour devenir l’actionnaire majoritaire de Bonitasoft. Dans ce cadre, Edouard Fourcade, ancien DG EMEA d’Anaplan, devient président du conseil d’administration, apportant son expérience de l’édition de logiciels SaaS. 

Les deux dirigeants co-fondateurs de Bonitasoft, Miguel Valdés et Charles Souillard, réinvestissent l’ensemble de leurs parts, sans souhaiter préciser les montants investis par les uns et les autres. Tous deux gardent les commandes de l’entreprise, nous a confirmé Miguel Valdés, lui-même en tant que président et directeur général, et Charles Souillard, son bras droit, au poste de directeur général. Ensemble, ils vont mener un plan de continuité pour poursuivre une croissance profitable. « Nous allons d’abord appuyer les déploiements dans le cloud », nous a indiqué Miguel Valdés. La plateforme Bonita a été lancée dans le cloud public en 2019. Auparavant, les clients l’utilisaient plutôt on-premise et ils conserveront le choix de l’utiliser ainsi ou en mode hybride s’ils le souhaitent.

Cap sur les marchés francophones et hispanophones

Sur le terrain commercial, Bonitasoft va étendre sa présence géographique, seul fournisseur français identifié par les cabinets d’études Gartner et Forrester parmi les acteurs mondiaux des suites de BPM automatisant les processus par l’IA. « Nous allons continuer fortement à jouer cette carte européenne. Nous avons une notoriété internationale, nous allons beaucoup pousser les pays francophones et hispanophones, l’Espagne et l’Amérique du Sud où la plupart des compétiteurs sont américains ». L’éditeur est déjà implanté aux Etats-Unis où il réalise 20% de son chiffre d’affaires. Miguel Valdés est lui-même parti plusieurs années outre-Atlantique développer l’activité sur cette région depuis laquelle la société adresse d’ailleurs l’Amérique latine.

L’investissement de Fortino viendra aussi renforcer le volet technologique. Bonitasoft continue à ajouter des briques à sa plateforme. « Nous avons lancé il y a quelques mois un projet open source dans le domaine de l’analytique de processus, Process Analytics, pour une meilleure visualisation de l’exécution des processus. Nous allons faire d’autres annonces technologiques », annonce Miguel Valdés. Pour mener à bien sa prochaine phase de croissance, Bonitasoft va recruter dans les activités vente, avant-vente, support et satisfaction des clients (customer success) mais le PDG ne souhaite pas préciser combien de personnes ni où, si ce n’est l’Amérique du Sud, certainement. « Depuis trois ans, nous avons une flexibilité de travail pour embaucher », souligne Miguel Valdés. La société compte aujourd’hui 70 salariés entre Grenoble (où se trouve sa R&D), Paris et San Francisco.

Des équipes R&D libres de toute contrainte

Le nouvel investisseur, Fortino, mise sur le marché de l’automatisation numérique des processus qu’il qualifie d’« énorme et extrêmement dynamique ». C’est un domaine que les co-fondateurs de Bonitasoft ont cherché à démocratiser dès la création de la société. Mais c’est également un domaine très complexe, pointe Arnaud de Vos, directeur des investissements chez Fortino. « Les équipes de développement doivent être libres de toute contrainte pour créer les meilleures applications métiers possibles », estime-t-il dans un communiqué. « La plateforme personnalisable, extensible et puissante de Bonitasoft, développée sous la direction de Miguel et Charles, est la réponse à ce défi ».