Quel est le but de la BPI ?

C'est un guichet unique et un guichet de proximité. Les deux termes sont essentiels. Unique, car la BPI  fusionne d'autres établissements publics. Elle n'implique pas de création, mais doit rapprocher trois structures : Oséo (pour les PME), FSI (pour les ETI), CDC Entreprises. De proximité, car c'est un établissement présent dans toutes les régions et la plupart des départements, grâce aux structures existantes d'Oséo. Chaque PME pourra donc y accéder facilement et trouver à sa portée toutes les possibilités financières de cette future banque.

La création de la BPI était le 1er des 60 engagements du candidat Hollande, d'autres candidats portaient ce projet. Il s'inspire de l'exemple allemand du KfW.

Avec quels moyens financiers ?

La BPI a une capacité financière de 42 milliards d'euros. Elle pourra agir dans trois directions : les fonds propres des PME et ETI (10 milliards), des garanties de prêts (12 milliards) et des prêts (20 milliards) dans la mesure où les banques sont moins disponibles pour accorder des concours financiers aux PME.

Avec quels moyens humains ?

La BPI sera issue de la fusion entre Oséo, CDC Entreprises et le FSI. Il n'est plus question de les coiffer d'un holding pour laisser les équipes en place. Au contraire, il faudra fusionner, c'est un obstacle supplémentaire à court terme, mais un atout essentiel à moyen terme, c'est même la clé de la réussite de ce nouvel organisme.

Fusionner des entreprises privées est déjà très délicat, fusionner des organismes publics devrait l'être au moins autant. Le directeur général aura un rôle décisif. Jean-Pierre Jouyet a pesé de manière forte pour un processus de fusion, gage d'efficacité.

Quelle cible ?

Le 1er ministre a été clair, la BPI s'adresse aux PME et aux ETI (Entreprises de taille intermédiaire). Elle balaye large, c'est une banque de proximité pour les  PME, capable de leur faire contourner des banques rendues moins « prêteuses » par la crise. L'ambition suprême de la BPI est de doter la France d'ETI de taille suffisante pour innover et être présentes à l'international, comme c'est le cas en Allemagne, dont c'est la grande force. La BPI jouera un rôle au-delà de la crise actuelle.

Le gouvernement parle aussi de « financer les filières d'avenir » ce qui devrait concerner le numérique.

Quel sera le rôle des régions ?

Il est limité. Au départ, l'Association des régions de France, ARF, voulait une BPI par région, puis un conseil de surveillance à sa main, bref des interventions en région en liaison avec les collectivités locales. Rien de tout cela n'est prévu, les régions ont un oeil (avec la présidence du Comité national d'orientation) mais rien de plus. Dans ce comité, siègeront aussi des représentants des salariés et des entreprises, ils donneront un avis. Pour qu'il n'y ait pas de confusion des genres, ils ne pourront intervenir dans les dossiers de prêts.

Quelle gouvernance ?

Le Président de la Caisse des dépôts (ancien ministre des affaires européennes sous le précédent quinquennat, mais ami de l'actuel Président) Jean-Pierre Jouyet préside l'organisme. Logique, il apporte des fonds et des structures. C'est un président non opérationnel, mais le patron opérationnel est un premier choix : Nicolas Dufourcq.

Actuel n°2 de Cap Gemini, Nicolas Dufourcq fut PDG de Wanadoo, filiale Internet de France Télécom. Il est diplômé d'HEC et de l'ENA.

Quels  inconvénients possibles ?

Est-ce un outil de plus ? Non, il fusionne des outils déjà existants. La BPI servira-t-elle de véhicule de secours pour toutes les entreprises en difficulté ? Surtout pas (en clair Arnaud Montebourg a peu d'influence). Pourra-t-elle subir des pressions politiques ? Certainement pas,  elle se dote d'un Comité des investissements (semblable au Comité des engagements d'une banque) strictement géré en interne.

(*) Son lancement est prévu pour janvier 2013. D'ici là, le Parlement doit voter le projet portant création de la BPI (et la fusion de trois organismes) et valider la nomination du directeur général.