Alors qu’en France, les chauffeurs de VTC travaillant avec la plate-forme de planification des courses d’Uber sont entrés en guerre contre la société californienne suite à une hausse de sa commission (passée de 20 à 25%), outre–Atlantique c’est l’État de Californie qui menace de poursuivre la compagnie. Mercredi dernier, la licorne a en effet décidé de démarrer le test de ses voitures autonomes dans la ville de San Francisco. Après Pittsburgh, où se situe le centre de recherche d’Uber pour les technologies d’auto-conduite, des Volvo XC90 bardées de capteurs et de Lidar ont commencé à circuler dans la ville aux collines pour conduire des clients. Mais le département des véhicules à moteur (DMV) de la Californie a indiqué à Uber qu’elle devait demander un permis de circulation pour mener ses tests dans la ville de SF.

Uber a élargi sa flotte de voitures autonomes à San Francisco avec des Volvo XC90.

Une exigence rejetée par la société qui argue qu’un ingénieur - capable de reprendre le contrôle du véhicule - se trouve à la place du conducteur dans toutes les voitures en circulation. « Nous sommes respectueusement en désaccord avec l'interprétation juridique du département des véhicules automobiles de la Californie au sujet des règlements actuels, en particulier sur le fait qu'Uber a besoin d'un permis d'essai pour conduire ses voitures autonomes à San Francisco, a indiqué Anthony Levandowski, vice-président du groupe de technologies avancées d'Uber, à un groupe de journalistes. Il poursuit en indiquant qu’Uber croit que la technologie utilisée dans ses voitures autonomes est semblable au mode autonome d’une Tesla. Et la loi de la Californie exclut expressément du processus de délivrance de permis de circuler les voitures avec « l'évitement de collision ou d'autres systèmes semblables ».

Le dirigeant précise encore que le système d’auto-conduite des voitures Uber n’est pas capable de fonctionner sans « le contrôle actif ou la surveillance » d'un opérateur humain. « Il est difficile de comprendre pourquoi le DMV chercherait à exiger d’Uber un permis pour son système d’auto-conduite quand il estime que la technologie autopilote de Tesla n'en a pas besoin » a-t-il dit. Une explication fallacieuse puisque le système auto-pilote de Tesla est semi-autonome de niveau 2 alors que la solution d’Uber est autonome de niveau 3 (voir notre dossier voitures autonomes). Précisons encore que Tesla interdit l’utilisation de son système semi-autonome quand ses véhicules sont utilisés pas des chauffeurs Uber.

Uber sommé de retirer ses voitures autonomes des routes d'état

Vendredi soir, les avocats du DMV ont répondu, demandant à Uber de retirer «immédiatement» ses voitures autonomes des routes d'état jusqu'à ce que la société ait obtenus les permis requis. Si la société ne se conforme pas, «le procureur général va demander une injonction et d'autres mesures appropriées», a écrit le ministère de la Justice de Californie dans une lettre à Uber, qui l’a partagée par courrier électronique. Comme à son habitude, Uber semble décidé à engager un bras de fer avec les autorités. En France, les dirigeants de la filiale hexagonale avaient également joué les bravaches au sujet de la mise en service de leur système à bas prix UberPop où de simples particuliers pouvaient jouer aux chauffeurs occasionnels. Mais devant les poursuites pour organisation illégale d'une activité de transport de particuliers,  pratique commerciale trompeuse, complicité d’exercice illégal de la profession de taxi, traitement et conservation illégaux de données informatiques, et enregistrement de données à caractère personnel, les dirigeants avaient vite suspendu le service (juillet 2015).

Et en juin dernier, la filiale française d’Uber a été condamnée à 800 000 euros d'amende - dont la moitié avec sursis - pour avoir mis en place une offre payante de transport entre particuliers. Pierre-Dimitri Gore-Coty, directeur d'Uber pour l'Europe de l'Ouest à l'époque des faits, et Thibaud Simphal, directeur général d'Uber France désormais à l'Europe, ont quant à eux été condamnés à 30 000 et 20 000 euros d'amende, dont la moitié avec sursis. Les deux dirigeants ont été reconnus coupables de pratique commerciale trompeuse, complicité d'exercice illégal de la profession de taxi et de certains délits liés à la conservation de données personnelles.