Aujourd’hui, à cette question récurrente - quelle est la prochaine grande tendance dans l'entreprise ? – nombreux sont ceux qui parient sur les outils de collaboration qui permettent d’améliorer la productivité des salariés en facilitant le travail en équipe, qu’ils soient séparés par un couloir ou au bout du monde les uns des autres. Le cabinet d’études Market and Markets estime ainsi que le marché de la collaboration d’entreprise passera de 26,69 milliards de dollars en 2016 à 49,51 milliards de dollars d'ici 2021, soit un taux de croissance annuel composé de 13,2 %. Pour Microsoft, la question persistante est de savoir comment en tirer profit, ou plus directement, comment dominer ce marché. Comme beaucoup d'entreprises technologiques. Et certaines sont à ce stade mieux positionnées que Microsoft. Mais la firme de Redmond pourrait rattraper ce retard.

Face à elle, Google, Facebook et Slack sont probablement les acteurs les plus prometteurs de ce marché collaboratif. Slack, la moins connue des trois, est la plus engagée dans le secteur. D’abord vendu comme outil de collaboration interne, Slack a été élargi au public en 2013. Cet automne, le produit a dépassé les 6 millions d'utilisateurs quotidiens et a atteint les 9 millions d'utilisateurs hebdomadaires. Les revenus annuels de Slack s'élèvent à 200 millions de dollars, et Bloomberg indique que l’entreprise est évaluée à 5 milliards de dollars. Google possède dans son puissant set de collaboration l’outil G Suite, concurrent de Microsoft Office. Conçu pour la collaboration, G Suite est naturellement plus adaptée qu’Office pour le travail en équipe. Google lui a également adossé le service de visioconférence Hangouts, lequel regroupe deux produits : l'outil de vidéoconférence Meet et l'application de conversation de groupe Chat. Quant à Facebook, son application de collaboration for Work, lancée il y a un an, est déjà utilisée par plus de 14 000 entreprises, dont le géant de la distribution Walmart. La concurrence est donc sévère pour Microsoft, entravée peut-être en partie par ses multiples projets de collaboration. Mais en jouant finement, la firme de Redmond pourrait devenir le leader de ce marché. Voici comment.

La route vers le sommet

Teams, le nouveau produit le plus important de Microsoft axé sur la collaboration, offre aux utilisateurs d'entreprise une suite d'outils centrés sur le chat qui s'intègre à Office. Teams concurrence directement Slack. Mais malgré de très bonnes fonctionnalités, l’outil de Microsoft est un peu décevant. Son interface est confuse et, étonnamment, son intégration avec Office n’est pas exceptionnelle. À part Teams, la multiplicité des produits de collaboration de Microsoft crée une certaine confusion, et on se demande toujours lequel va perdurer et lequel va disparaître et comment ceux qui restent pourraient travailler ensemble. Cette liste comprend SharePoint, très répandu dans les entreprises, l'application de messagerie et de conférence Skype for Business, et l'outil de gestion de tâches Planner.

Comment, avec un outil Teams décevant et un mix d’applications, Microsoft peut-elle devenir le leader de la collaboration ? En premier lieu, elle doit rationaliser sa gamme de produits et établir une feuille de route très claire pour les entreprises. Et c’est ce que la firme de Redmond a commencé à faire. Elle a ainsi annoncé que Teams remplacerait Skype for Business comme outil de collaboration principal dans Office 365. Et elle a publié un document expliquant précisément comment. Mais ce n'est pas suffisant. Quid de SharePoint ? Ce produit vieillissant a-t-il encore un avenir, ou sera-t-il intégré dans Teams ? Sinon, comment vont-ils travailler ensemble ? L’éditeur doit également apporter des précisions à ce sujet.

Mise à jour majeure nécessaire  

Après avoir rationalisé sa gamme de produits, Microsoft doit améliorer Teams. La concurrence sur le marché de la collaboration est trop importante pour réussir avec un produit imparfait. La première mouture de Teams n'était pas excellente. Mais dans le cas de Microsoft, ce n'est pas surprenant. Par exemple, il a fallu attendre les versions 3.0 de Windows et de Word pour que ces applications s’imposent sur le marché. Mais, compte tenu du rythme plus rapide d’évolution de la technologie, Microsoft ne peut pas attendre la version 3 pour livrer une version parfaite de Teams. Elle doit l’améliorer rapidement.

L’éditeur doit également s’appuyer sur sa gamme de produits existants pour dynamiser son offre collaborative. Il l'a déjà fait en reliant Teams à Office 365 pour les entreprises. Mais il doit aller plus loin. L'intégration de Teams avec LinkedIn contribuerait grandement à faire de Microsoft le leader de la collaboration. La firme doit également utiliser des technologies de pointe pour la collaboration. L'intelligence artificielle et les assistants virtuels seront de plus en plus importants pour rendre le travail en groupe plus efficace, par exemple trouver d'autres personnes de l’entreprise qui font un travail similaire, organiser des réunions et plus encore. Microsoft devrait donc intégrer Cortana avec Teams. Elle devrait également intégrer d'autres fonctionnalités de pointe. Et c'est déjà un peu le cas : Microsoft a récemment annoncé que son app de tableau numérique collaboratif Whiteboard serait intégrée à Windows 10.

Un challenge important pour Redmond ?  

En faisant tout ça, Microsoft pourrait battre ses concurrents sur le marché de la collaboration. Combiné à LinkedIn, Office, dominant dans l’entreprise, lui confère la plus grande tête de pont du marché de la collaboration. Si la firme définit clairement sa feuille de route de collaboration et l'explique aux entreprises, il est plus probable que celles-ci se tourneront vers Microsoft. De plus, en proposant aux entreprises de solides outils de collaboration qui s'intègrent à tous ses principaux produits, celles-ci pourront continuer à utiliser ces outils une fois qu'elles les auront essayés. Non, ce ne sera pas facile à faire. Mais si Microsoft le fait bien, il pourra dominer ce marché. D’ici la fin de l'année 2018.