Il y a quelques mois, plusieurs experts ont expliqué que le gouvernement chinois pourrait utiliser sa pépite IA locale Deepseek pour l'aider à imposer un modèle culturel et politique au reste du monde. Selon Reuters, cette jeune pousse pourrait toutefois servir des ambitions également à des fins militaires et de renseignements. Un haut fonctionnaire américain, sous couvert d'anonymat, a ainsi indiqué à l'agence de presse que cette société a volontairement fourni et continuera probablement à fournir un soutien aux opérations militaires et de renseignement de la Chine. « Cet effort va au-delà de l'accès libre aux modèles d'intelligence artificielle de Deepseek », a expliqué le représentant américain. En janvier dernier, l’administration Trump, avait également indiqué que cette société allait faire l’objet d’un examen de la part du conseil de sécurité pour voir l’implication du modèle d’IA dans la sécurité nationale.

Cette information intervient dans un contexte de tensions économiques et politiques qui se sont accélérées ces derniers mois sur fond de menaces - souvent suivies d'effet mais aussi de rétropédalages - de hausses de taxes douanières. D'après le fonctionnaire US, l'entreprise partagerait ainsi des informations et des statistiques sur les utilisateurs avec l'organe de surveillance chinois. Une allégation qui intervient après plusieurs rapports indiquant que la start-up transmettait des données d'utilisateurs américains par l'intermédiaire d'une infrastructure backend connectée à China Mobile.

Des sociétés écrans utilisées ?

La start-up chinoise serait également, toujours selon la source interrogée par Reuters, dans le viseur des Etats-Unis pour avoir recours à des solutions de contournement des contrôles américains à l'exportation pour accéder à des puces américaines avancées interdites en Chine. « Deepseek a cherché à utiliser des sociétés écrans en Asie du Sud-Est pour échapper aux contrôles à l'exportation, et Deepseek cherche à avoir accès à des centres de données en Asie du Sud-Est pour accéder à distance à des puces américaines », a déclaré le fonctionnaire. Rappelons notamment que l'accélérateur H20 de Nvidia pourvue du packaging Chip-on-Wafer-on-Substrate (CoWoS) de TSMC, caractéristique des GPU haut de gamme du géant américain, est sous le coup de cette interdiction à l'importation.

Une information toutefois à prendre avec précaution, le fonctionnaire ayant refusé de dire si le fournisseur avait réussi à échapper aux contrôles à l'exportation et de donner d'autres détails sur les sociétés écran en question, sachant que Reuters indique ne pas avoir pu vérifier de manière indépendante ces informations.