2016 sera-t-elle une année momentum pour Dell ? A quelques mois de la finalisation du rachat d'EMC - qui doit officiellement intervenir entre mai et octobre 2016 - Dell est concurrencé de toute part sur ses marchés infrastructures historiques. Il doit en effet affronter HP mais aussi - dans une moindre mesure Lenovo - dans les serveurs, NetApp et EMC (tant que le rachat n'est pas finalisé) dans le stockage , ou encore Cisco, Arista, Juniper - et toujours - HP dans le réseau. Cela n'a toutefois pas empêché le poids-lourd américain de marquer des points sur l'année écoulée. « 2015 a été plutôt une bonne année pour Dell, en particulier dans l'activité datacenter et serveurs avec des progrès et une bonne performance sur le 4e trimestre avec un gain d'1,5 point de part de marché, tout comme sur le marché PC professionnel », a indiqué Anwar Dahab, directeur général de Dell France à l'occasion d'un point presse mercredi dernier.

Dans le détail, le texan a vu sa part de marché serveurs progresser de près de 3%, ce qui lui a permis d'atteindre la barre des 30% de PdM versus 28,5% un an plus tôt. « On a gagné beaucoup de marché sur les secteurs entreprise et secteur public », a poursuivi Anwar Dahab. « Nous avons gagné des marchés en 2015 face à la concurrence sur des clients privés CAC 40, tirés par des changements liés à l'infrastructure convergée et au cloud qui ont fait exploser en volume les approches silos », a de son côté complété Eric Velfre, directeur des solutions entreprise de Dell France. Interrogé sur une possible arrivée sur le marché des serveurs ARM, Dell a indiqué que rien n'est pour l'heure prévu à l'horizon, préférant se concentrer sur les serveurs architecturés autour des puces x86.

Des gains clients dans les secteurs de l'éducation, la recherche la santé et les grands groupes privés ont par ailleurs été obtenus. « Au-delà des volumes, les enjeux symboliques sont importants, avec des références comme la CNAM, la SNCF et La Banque Postale », a indiqué Anwar Dahab. Des « machines Dell très musclées » sont par ailleurs présentes chez Criteo qui constitue un « investissement très intéressant en valeur, mais pas en volume », nous a soufflé de son côté Eric Velfre.

SDS et SDN : Un appel d'air pour tirer les nouveaux projets

Au niveau de l'activité Software Defined Storage, des partenariats ont été conclus avec des éditeurs, partenaire comme Scality (qui propose du stockage en mode objet et distribué à destination des grands groupes). Mais aussi dans les infrastructures convergées avec Nutanix, via les appliances Web-scale Dell XC Series, sans compter Nexenta, positionné sur le marché du NAS orienté SDN pour les plus petites entreprises, et également des accords avec des acteurs pur sucre du SDN comme Big Switch (que nous avions rencontré l'été dernier et qui vient par ailleurs tout juste de lever 48,5 millions de dollars) ou encore Cumulus Networks. « Le marché s'est tourné vers ces solutions et une bonne partie des grands comptes qui ont monté des GIE se sont transformés en centres de services pour optimiser l'infrastructure et la rendre la plus scalable possible », analyse Eric Velfre. Sur la partie stockage également, Dell a précisé que toutes les configurations proposées dans le cadre d'un appel d'offre contiennent du SSD, mais cela ne veut pas dire pour autant que toutes sont des offres full-flash. « Le full-flash est adapté pour des systèmes avec besoins d'optimisation de performance, comme un ERP un peu vieillot, mais pour des systèmes avancés, on propose du stockage hybride qui répond mieux aux besoins », a expliqué Eric Velfre.

2015 a donc été année performante pour le constructeur texan, mais qui a connu cette année des hauts et des bas sur certains segments. « On a travaillé avec les service providers, un segment de marché qui a progressé de 3% après avoir très bien commencé l'année (10%) et s'être replié de près de 5% fin 2015 », a commenté Anwar Dahab.

L'équation 1+1=3 de la fusion entre Dell et EMC

Pour ce qui est de 2016, l'année « s'amorce plutôt bien » aux dires d'Anwar Dahab, dans un contexte marqué d'après le Gartner par une hausse de seulement 0,6% des dépenses IT. Outre la carte des partenariats (Nutanix, Scality, Big Switch...), la société compte aussi renforcer ses accords de co-ingenering afin de développer des plateformes spécifiquement configurées sous des OS open Source type CentOS : « Nos clients dans l'administration publique sont intéressées par ce type d'offres combinées dans un noeud Scality [stockage objet] qui leur permettent aussi de réutiliser leurs infrastructure existante ». « On est dans une période propice au changement avec des projets dans les domaines du big data, du datanalytique, de l'hyperconvergence et du cloud et les clients, pour être plus agiles, ont besoin d'utiliser des solutions tout aussi agiles et scalables », a indiqué Eric Velfre.

En France, le constructeur a deux objectifs avoués. « Nous voulons devenir numéro 1 du marché des serveurs après avoir jouer serré avec HP sur le dernier trimestre où seulement 300 serveurs nous séparait dans un volume de 60 000 pièces », nous a précisé Eric Velfre. L'autre priorité pour cette année sera, une fois la fusion avec EMC entérinée, d'intégrer « de façon intelligente » les produits des deux entreprises afin de « faire en sorte que 1+1 fasse au minimum 2 voire 3 ». Un travail de synergie titanesque s'annonce donc mais que ne semble pas redouter Dell : « L'intégration des produits Isilon, Vmax ou encore des baies full-flash à nos propres gammes de produits nous amènera à un portfolio de 9 produits tout à fait gérable », a poursuivi le patron des solutions entreprise du constructeur texan.

Pas de cloud public chez Dell

« On n'opère pas de cloud Dell, on a des accords pour cela avec des partenaires MSP qui s'occupent de 99% de nos prestations cloud délivrées au clients finaux. Nous ne voulons pas être en concurrence frontale avec nos partenaires », nous a par ailleurs indiqué Eric Velfre. L'objectif de Dell restant de fournir les ressources (serveur, stockage et réseau) pour les opérateurs cloud mais pas les services cloud finaux. « Nous avons décidé de vendre des pelles, pas d'aller chercher l'or », nous a indiqué non sans malice Eric Velfre.