Tous les deux ans, porte de Versailles, les constructeurs automobiles, les équipementiers et les fournisseurs de services rivalisent d’ingéniosité pour répondre aux besoins des automobilistes qui vivent un certain désamour avec la ville. Mais malgré les rues et les périphériques saturés à certaines heures, les places de parking de plus en plus rares, la politique répressive des mairies, les utilisateurs n’ont pas totalement renoncé à leur voiture. Et avec le développement de services connectés adaptés au monde automobile, certains désagréments sont mêmes en passe d’être atténués. Les places de parking ne vont pas se multiplier comme des petits pains dans les centres villes, mais des solutions notamment développés par Here, la société de cartographie rachetée l’an dernier par Audi, BMW et Daimler, proposent de désenclaver les automobiles et encouragent le partage de données grâce à des API ouvertes.

 

Les informations remontées par les capteurs de la voiture sont analysées et partagées par la plate-forme Here. (Crédit Here).

L’ancienne activité cartographie de Nokia compte exploiter toutes les données issues des capteurs embarqués dans les voitures et les infrastructures autoroutières (feux de signalisation, parking ou bords de la chaussée) pour envoyer des avertissements et des recommandations aux automobilistes. Quatre domaines sont concernés : info trafic en temps réel (Real Time Traffic), dégradations des conditions de route (Hazard Warnings), informations sur les panneaux de signalisation (Road Signs) et enfin emplacement des zones de stationnement (On-Street Parking), nous a expliqué Cyril Leman, directeur marketing de Here au dernier salon de l’auto. Here compte également exploiter les données issues des flottes de transporteur qui roulent beaucoup pour assurer les flux tendus.

Traitement anonymisé des données 

Les capteurs mis à contribution sur les voitures sont particulièrement nombreux, à savoir les images enregistrées par les caméras d’aide au stationnement avant et arrière, la vitesse et la position du véhicule, la remontée de freinages brusques, le déclenchement des feux de détresse, l’allumage des feux antibrouillard, le capteur de pluie du pare-brise, la sonde température pour déceler les plaques de verglas et anticiper les pertes d’adhérence… Toutes ces informations seront bien sûr sûrs collectées et traitées de manières anonymisées pour respecter la vie privée des utilisateurs. Et pour remonter cette masse d’information de type big data, les trois constructeurs misent sur le très haut débit mobile avec le lancement de la 5G Automotive Association avec le concours de partenaires IT (Ericsson, Huawei, Intel, Nokia et Qualcomm).

Les routes glissantes sont signalées aux automobilistes utilisant les services Here.

Audi a annoncé lors de sa conférence de presse du Mondial de l’auto 2016 à Paris que les services de Here, payants, seront progressivement intégrés à sa plateforme Connect  (4G/LTE) qui « sera capable de prendre en compte l’ensemble des informations concernant les panneaux routiers et les possibles dangers pouvant survenir sur les routes (pour l’Europe) et même l’information en temps réel sur le trafic des feux de signalisation (pour les États-Unis) », selon un CP du constructeur. « L’analyse intelligente des données, générée par les voitures elles-mêmes, ouvre de nouvelles portes aux opportunités proposées par la conduite autonome. Avec de telles avancées technologiques, Audi permettra aux conducteurs de perdre moins de temps aux feux rouges, d’être alertés en avance des éventuels dangers présents sur leurs itinéraires et de profiter de la conduite autonome de leur véhicule en toute sécurité ».

Les capteurs embarqués dans les dernières Jaguar et Land Rover remontent des données à la plate-forme Here.

En 2017, toutes les Audi pourront bénéficier de cette option couplée la 4G, en attendant l’arrivé de véhicules autonomes en 2017 (la future A8 pour commencer). Mais d’autres constructeurs comme Jaguar qui exploite aussi le protocole de communication et les services de cartographie de Here pourront dialoguer avec les véhicules des trois constructeurs allemands. Selon Here, une vingtaine de voitures présentées au Mondial de l’auto 2016 exploitent déjà les données cartographiques de Here.