Plus de 90% des éditeurs de logiciels anticipent un impact négatif ou significativement négatif de la crise Covid-19 sur leurs clients et plus de 80% prévoient une répercussion négative sur la signature de nouveaux clients. C’est ce montre une enquête menée entre le 10 et le 26 avril 2020 par In Extenso Finance & Transmission, sur 75 éditeurs de logiciels en France dont 42 réalisent moins de 5 M€ de chiffre d’affaires et 33 plus de 5 M€. In Extenso F&T est spécialisé dans le conseil en cession, acquisition, transmission et financement des dirigeants de PME. Mickaël Fitoussi, directeur de mission de la société, estime qu'avec une partie importante de revenus récurrents, « le secteur de l’édition de logiciel devrait mieux résister comparativement à d’autres secteurs de l’économie ». Sur l’ensemble du panel sondé, le niveau de revenus récurrents atteint en moyenne 56,5% (des éditeurs en mode licence et en mode SaaS ont participé à l’étude). 

Toutefois, 54,7% des éditeurs ayant répondu à l’enquête prévoient une décroissance de leur entreprise en 2020, tandis que 41,3% tablent sur une stabilité ou une croissance (4% ne se prononcent pas). Plus de 81% estiment que l’impact de la crise Covid-19 sera négatif pour la signature de nouveaux clients dont une majorité jugeant qu’il sera significativement négatif. Malgré tout, il reste 18,7% qui estiment l’impact neutre, voire légèrement favorable pour signer de nouveaux clients. Parmi ces derniers, une majorité a effectivement signé de nouvelles affaires depuis le 16 mars 2020. Dans une perspective à plus long terme, sur l’ensemble des éditeurs ayant répondu à l'enquête, ils sont 82,7% à envisager une croissance à horizon 3 ans. Mi-mai, Tech In France, association des éditeurs de logiciels et sociétés Internet, a estimé que le revenu logiciel pourrait baisser de 6% dans l'Hexagone en 2020

89,3% satisfaits de l'accompagnement des partenaires bancaires

Interrogés sur les secteurs qui, à leur avis, pâtiront le plus de la crise, un tiers des éditeurs réalisant moins de 5 M€ citent l’industrie et les services, tandis que ceux générant plus de 5 M€ pensent que tous les secteurs seront touchés. Ensemble, ils pensent que le secteur public sera l’un des moins touchés, tandis qu’aucun éditeur n’a cité les secteurs de la banque/assurance parmi ceux qui pourraient être affectés. A propos des organismes de financement, justement, 89,3% des répondant s’estiment satisfaits ou très satisfaits de l’accompagnement de leurs partenaires bancaires dans le contexte de la crise Covid-19 ou bien indiquent que cet accompagnement est acceptable. « L’accompagnement des partenaires bancaires couplé aux mesures de chômage partiel constitue un amortisseur de taille pour les entreprises du secteur », confirme Mickaël Fitoussi. « Si bien que malgré la crise, il devrait tout de même y a voir des opérations de rapprochement possibles (…) même si celles-ci pourraient se faire à des valorisations légèrement revues à la baisse ». Avant la crise, 34,7% des sondés avaient un projet d’opération de levée de fonds, de LBO ou de cession. Mais « la baisse des multiples de valorisation » et la « sous-performance » font maintenant peser un risque sur leurs projets.

En France, les intentions de croissance externe sont généralement confirmées par les éditeurs sondés, avec des différences suivant la taille des entreprises. (Crédit : In Extenso Finance & Transmission)

Interrogés sur les projets de croissance externe, 68% des éditeurs répondants ont indiqué qu'ils continueraient à étudier de nouvelles opportunités lorsqu’elles se présenteront, malgré la crise traversée. Les éditeurs réalisant plus de 5 M€ de chiffre d'affaires le disent à 72,8% contre 64,3% pour ceux pesant moins de 5 M€. Dans leur ensemble, près de 35% répondent oui directement, tandis que 33,3% le feront de manière opportuniste. Et plus de 65% des répondants pensent effectivement qu’il y aura une baisse (même si elle est légère) des valorisations dans l’industrie du logiciel. Les éditeurs qui ne prévoient pas d'acquisitions dans les six mois indiquent attendre 12 à 18 mois avant de l'envisager.

3/4 des éditeurs vont réduire leur plan de recrutement

Concernant leurs propres équipes, plus de 70% des éditeurs de logiciels ayant répondu ont déjà pris des mesures de chômage partiel ou bien y réfléchissent et trois quarts d’entre eux envisagent de réduire leur plan de recrutement parmi lesquels 41,3% vont geler leurs embauches. Un point positif, la crise a poussé les organisations à se réinventer. « En quelques semaines, beaucoup de groupes ont accéléré leur digitalisation de plusieurs années », constate Mickaël Fitoussi. « Des solutions collaboratives comme Zoom, Slack ou encore Teams deviennent une évidence y compris pour ceux qui étaient réfractaires au télétravail. »