Malgré les actions menées depuis des années par les différents groupements professionnels de l'industrie du logiciel en France, l'accès aux marchés publics reste toujours difficile pour les petits acteurs. Efel Power, nouvelle association d'éditeurs de logiciels lancée cette semaine à Paris au Numa (La Cantine, dans le 2ème), veut elle aussi promouvoir auprès des grands comptes l'ensemble des acteurs qui innovent sur le territoire. Elle compte pour l'instant une petite trentaine de membres dont Human Connect, Jalios, Jamespot, Knowings, Qualiac, PolySpot, Squid, AMI Software, E-Deal et Nextsend. Pour François Badénès, PDG de Human Connect et vice président d'Efel, la pression marketing mise sur les directions des achats des entreprises par les éditeurs poids lourds, souvent américains, ne laisse pas assez de champ aux offreurs locaux. D'autant plus, estime-t-il, que les DSI font très peu de veille sur les usages. « Il y a un certain conservatisme », regrette-t-il.

Dans sa présentation, l'association Efel(*), soutenu par Cap Digital et le Pôle Images et Réseaux, dit vouloir associer les éditeurs français dans une démarche de lobbying avec « une logique assumée de coopétition ». Elle ne s'est pas créée en opposition avec les associations et fédérations existantes telles que Syntec numérique et l'Afdel, insiste son vice président, même s'il les juge parfois trop parisiennes et leur trouve pour certaines une approche trop centrée sur l'informatique qui ne prend pas en compte d'autres aspects, notamment marketing. « Nous voulons travailler avec eux, nous nous inscrivons dans une démarche positive d'intelligence collective », assure-t-il néanmoins. Efel Power est présidé par Alain Garnier, PDG de Jamespot. Vincent Bouthors, le PDG de Jalios, est secrétaire général de l'association.

Faire connaître les offres alternatives


François Badénès, par ailleurs membre fondateur d'Atlantic 2.0 et de la Cantine numérique de Nantes, regrette notamment que l'émulation et la création de valeur qui se fait via le réseau des Cantines numériques, clusters de sociétés répliqués en région (Toulouse, Rennes, Angers, Toulon...), ne soit pas assez pris en compte. Pour entrer chez les grands donneurs d'ordre, la pédagogie sera l'arme principale d'Efel Power. « Il faut mieux valoriser les savoir-faire et nous fédérer pour que les grands comptes nous donnent au moins notre chance. On estime qu'il y a des milliards d'économies à faire en challengeant les solutions établies ». (**) Et même si parmi les actions à mener figure la sensibilisation des pouvoirs publics, la réponse ne peut pas être qu'institutionnelle, reconnaît-il.

L'une des premières missions de l'association Efel (Entreprendre en France pour l'édition logicielle) sera donc de faire connaître les offres alternatives auprès des grands comptes, explique François Badénès. « Cela va passer par des workshops pour présenter les éditeurs, en France. Nous voulons jeter des passerelles entre les technologies et les usages. Mais nous prévoyons aussi d'envoyer des délégations de start-up sur des salons internationaux sous un label 'french touch' », décrit-il. « Lorsque je vais dans la Silicon Valley, je n'ai pas de complexe, mais en France, il faut que nous cessions d'être aussi naïfs sur le plan du marketing. »

Dans sa présentation, Efel Power souligne aussi que, pour les éditeurs de logiciels, les outils de croissance qui font appel aux investisseurs rendent les éditeurs plus vulnérables à des rachats par des fonds ou par des entreprises étrangères. Il faut renforcer le poids des éditeurs de logiciels en France. Le problème est identifié depuis longtemps, par tous les acteurs et les observateurs de cette industrie, dont Syntec Numérique, l'Afdel et Truffle Capital, mais la situation évolue peu d'une année sur l'autre si ce n'est par le rachat de sociétés françaises par des éditeurs américains. Cet été, par exemple, Neolane a été acquis par Adobe.

(*) Efel, Entreprendre en France pour l'édition logicielle


(**) En septembre dernier, un regroupement d'éditeurs français centrés sur la cybersécurité et la confiance numérique a déjà vu le jour sous le nom d'Hexatrust.