En 2025, la directive CSRD entrera en vigueur : 50 000 entreprises européennes devront alors publier leur reporting extra-financier qui rendra compte de manière précise et exhaustive de leurs données ESG. Une véritable révolution réglementaire appuyée par une opinion publique qui fait des enjeux ESG l’aiguillon des entreprises, que ce soit en matière d’attractivité des talents ou d’investissements.

Bientôt, la donnée ESG sera tout aussi importante que la donnée financière. Pourtant, aujourd’hui encore, les défis posés aux entreprises restent identiques, quoique de plus en plus pressants. Dans ce contexte, quels sont les enjeux liés à la collecte et la restitution de ses données ESG ? Décryptage. 

Disponibilité, qualité et fraîcheur des données ESG : les entreprises mises au défi

Avec l’explosion du volume des données produites, les entreprises éprouvent encore des difficultés pour visualiser et comprendre leurs données. Mais lorsque l’on évoque les données ESG, le plus grand défi pour elles consiste à récolter ces données tout au long de la chaîne de valeur. Et avec le niveau d’exigence attendu sur le reporting extra-financier, les entreprises devront être capables de s’appuyer sur de la donnée de qualité. D’autant plus que les données ESG sont encore trop souvent compilées manuellement et donc sujettes à des erreurs. De ce fait, les entreprises doivent pouvoir s’appuyer sur des solutions qui permettent d’intégrer facilement ces données, qu’elles se trouvent dans des formulaires remplis manuellement ou bien dans des fichiers CSV. 

Une fois ces données collectées, les entreprises sont toutefois confrontées à de nouvelles couches de complexité. D’une part, elles doivent être en mesure de définir des indicateurs de performance spécifiques à chaque métier. Ces indicateurs sont essentiels pour mesurer la progression d’une entreprise vis-à-vis des objectifs fixés, que ce soit en matière de neutralité carbone ou de diversité. Or, la complexité réside ici dans la multiplication des standards et des normes de mesure des données ESG.

D’autre part, les données ESG sont désormais soumises à un niveau d’exigence quasi similaire à celui des données financières en ce qui concerne leur traçabilité et leur fraîcheur – on parle alors de data lineage. Les nouvelles mesures réglementaires et les attentes des investisseurs en matière de certification des entreprises soulignent l’importance de disposer de données mises à jour quotidiennement, heure par heure, voire en temps réel dans un futur proche. Encore faut-il pouvoir en rendre compte de manière compréhensible par n’importe quelle partie prenante : qu’il s’agisse des actionnaires, des auditeurs, du conseil d’administration, des salariés ou de l’opinion publique.

Visualisation et gouvernance des données ESG : des enjeux clés

Après avoir collecté leurs données ESG et défini des indicateurs clés, les entreprises doivent être en mesure de les suivre et de les restituer de manière convaincante auprès de leurs parties prenantes. Il ne suffit pas de définir une stratégie de neutralité carbone s’il n’est pas possible de rendre compte de l’efficacité des actions mises en place pour atteindre cet objectif. De la même manière que les données financières sont aujourd’hui restituées dans des tableaux de bord, les données ESG doivent pouvoir être visualisées afin de souligner les progrès ou, a contrario, les corrections à apporter aux actions déjà mises en œuvre. C’est essentiel pour le pilotage stratégique de l’entreprise, mais également pour renforcer la crédibilité de l’entreprise vis-à-vis de ses parties prenantes et de l’opinion publique, toujours plus vigilante face au greenwashing.

Enfin, les réglementations et les normes ESG évoluant rapidement, les entreprises doivent faire preuve de souplesse et d’adaptabilité dans la gouvernance de leurs données. En agissant de manière itérative et agile, elles pourront ainsi piloter plus facilement leurs actions ESG. Mais plutôt que de vouloir tout solutionner, les entreprises devraient principalement se concentrer sur leurs objectifs clés suivant le principe de Pareto où 80% des effets – par exemple, des émissions de CO2 – sont la résultante de 20% des causes. Pour le secteur de l’industrie, les données liées aux émissions de la chaîne logistique sont à viser en priorité. Pour le secteur de la finance, ce sont les données liées à l’évaluation des contreparties.

Les grandes entreprises françaises faisant figure de tête de proue à l’échelle européenne, autant s’inspirer des bonnes pratiques déjà mises en place. La condition essentielle étant de disposer de données ESG de qualité, certifiées et visualisables.