Après plus de dix-huit mois de bataille, Oracle va finalement avaler PeopleSoft. Alors que les deux éditeurs devaient se retrouver aujourd'hui devant la justice du Delaware statuant sur les mesures anti-OPA de PeopleSoft ("poison pill", la pilule emploisonnée), le conseil d'administration de PeopleSoft a en effet donné son aval à l'offre d'achat de son concurrent, revue au passage à la hausse à 26,50 $ par action. La dernière offre d'Oracle valorise désormais PeopleSoft à environ 10,3 Md $, soit le double de l'offre initiale faite par le géant des bases de données en juin 2003 (5,1 Md$). La résistance n'aura donc pas été vaine.
L'annonce de la fusion intervient alors qu'Oracle affiche des résultats record, avec un bénéfice net de 815 M$ (+ 35 %) pour le trimestre écoulé (deuxième trimestre fiscal 2005) et un CA de 2,76 Md$ (+ 10 %) tiré par la forte progression des ventes de licences (+ 14 % au total mais + 57 % pour Oracle Applications).
La nouvelle offre d'Oracle à été approuvée par les conseils d'administration des deux sociétés et devrait se traduire par une fusion dans le courant du mois de janvier. Dans un communiqué, PeopleSoft indique que son conseil d'administration a finalement décidé que l'offre d'Oracle offrait une juste compensation à ses actionnaires. On est loin de l'accueil initial de Craig Conway en juin 2003 qui avait commenté ainsi l'offre de son concurrent: "Un comportement particulièrement grossier de la part d'une entreprise dont l'histoire est faite de comportements particulièrement grossiers".
Faire converger les portefeuilles applicatifs

Selon Oracle, les actionnaires de PeopleSoft ne seront pas les seuls à profiter de la fusion. Celle-ci devrait aussi bénéficier aux clients, car Oracle compte investir lourdement dans le développement et le support des applications existantes.
Officiellement, Oracle prévoit d'améliorer PeopleSoft 8 et de d'achever le développement de PeopleSoft 9. L'éditeur devrait aussi améliorer JD Edwards 5 et proposer une version 6 du PGI pour PME.
Parallèlement, Oracle entend faire converger ses propres applications avec celles héritées de PeopleSoft. Aucun calendrier n'a toutefois été présenté à ce jour.
IBM, grand perdant de la fusion

Le mariage entre PeopleSoft et Oracle devrait faire une victime, à savoir IBM qui fournit le middleware sous-jacent aux applications de JD Edwards et qui avait signé un accord avec PeopleSoft pour faire de même avec ses applications. Il y a peu de chance que ces accords survivent à moyen terme, puisqu'Oracle devrait en toute logique faire de sa propre offre de middleware J2EE le coeur des futures versions des applications PeopleSoft et JD Edwards. Big Blue devrait donc perdre l'un de ses principaux partenaires OEM pour WebSphere. Oracle, de son côté, pourra afficher une stratégie proche de celle de SAP, qui vise à coupler offre de middleware et applications métiers.