Devenu au fil des ans un véritable carrefour d'échanges du monde du quantique et du HPC (calcul haute performance) en France, le forum Teratec fête cette année ses 20 ans. "Le temps passe vite, que de temps parcouru depuis cette époque où la situation était relativement dramatique parce qu'il n'y avait pas de grands constructeurs, de grands calculateurs, peu d'éditeurs et de logiciels", a lancé Christian Saguez, co-fondateur et président d'honneur de Teratec, en ouverture de l'événement organisé ce mercredi matin au Parc Floral (à Vincennes). "La grande leçon que nous devons tirer c'est que nous avons réussi à fédérer industrie et recherche, utilisateurs et développeurs et nous avons ainsi créé une dynamique."

La situation n'est cependant pas idyllique pour autant : "Il y a encore beaucoup de progrès à faire", prévient M. Saguez. "Il faut continuer à travailler, notamment avec les start-ups et les aider à passer à l'étape supérieure car on en créé beaucoup en France, mais souvent après on les voit disparaître." A l'heure des points quantiques, des calculateurs neuromorphiques et du stockage et du calcul sur ADN, les défis technologiques sont nombreux, mais ce sont surtout les débouchés en matière de cas d'usage et les financements associés qui permettront leur passage à l'échelle. Parmi les technologies montantes, la GenAI tient une place particulière dans le paysage du HPC et du supercalcul car elle s'immisce dans les projets et les cas d'usage, partout en Europe avec en filigrane un enjeu de souveraineté associée. "Il faut trouver une utilisation pour laquelle on est propriétaire des infrastructures numériques sur lesquelles ces machines sont hébergées", assure Arnaud Lepinois, PDG d'Eclairion. "Aujourd'hui les conditions sont favorables pour l'Europe pour reprendre une course sur l'IA que l'on avait plus ou moins perdu sur le cloud."

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Il faut continuer à travailler, notamment avec les start-ups et les aider à passer à l'étape supérieure car on en créé beaucoup en France mais souvent après on les voit disparaître, a expliqué Christian Saguez, co-fondateur et président d'honneur de Teratec. (crédit : D.F.)

Le CNRS en route vers le calcul et le stockage moléculaire

Avec 33 000 personnes collaborateurs, le CNRS est présent non seulement en France mais sur tous les continents, travaillant sur des domaines variés dont les sciences informatiques au travers de travaux de recherche fondamentale regroupés en 4 piliers : informatique de confiance, calcul et stockage, systèmes cyber-physiques en interaction avec l'humain et sciences informatiques éco-responsables. "Le calcul est un élément essentiel qui va irriguer tout le reste de l'écosystème", a indiqué Adeline Nazarenko, directrice scientifique et informatique du CNRS.

En matière de convergence HPC et IA, le CNRS mise en particulier sur son supercalculateur Jean Zay, articulé autour de d'une infrastructure de calcul (125,9 Pflops), de stockage (100 Po), d'éco-efficience (refroidissement des serveurs par eau chaude à coeur et réutilisation de la chaleur pour chauffer de 1 000 à 1 500 logements), et d'une équipe support (30 ingénieurs de l'IDRIS et 20 ingénieurs du réseau PNRIA). "Nos équipes continent à travailler sur l'équilibre entre la puissance de calcul et la frugalité", poursuit Mme Nazarenko. Sur le calcul et le stockage moléculaire, le CNRS a lancé deux projets concernant le stockage de données sur ADN. Tout d'abord une solution technologique pour conserver des données toujours plus massives, et une autre pour apprendre à les encoder et à les lire. Pour y parvenir, le CNRS développe un concept d'ordinateur moléculaire pour coder des données et implémenter des instructions agissant sur les données et la lecture des résultats. 

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Le CNRS travaille avec de nombreux laboratoires de recherche sur tout le territoire et des infrastructures de Renatech avec 120 équipes de recherches mobilisées. (crédit : D.F.)

A l'occasion du salon Teratec, nous avons pu par ailleurs nous entretenir avec EMG2, une société française qui propose des solutions FPGA dont les débouchés sont variés, y compris pour le HPC ou encore le smart storage "Le FPGA a la capacité de pouvoir avoir des flux de données entrants et sortants qui sont très élevés et on peut arriver à mettre des fonctions de cryptographie et de compression", nous a expliqué Anthony Besseau, président de EMG2, qui positionne ses composants comme complémentaires des GPU dans de nombreux cas d'usage. "Quand on arrive à vraiment optimiser l'architecture de calcul dans le FPGA on peut arriver à faire tourner des algorithmes 5 à 10 fois plus rapidement que sur des GPU. Cela va demander de la spécialisation par rapport à un GPU, mais au final on va également beaucoup moins consommer car il va souvent faire tourner des fonctions qui ne sont pas exploitées."

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EMG2 propose des solutions à base de FPGA (AMD, Altera, et Achronix), ainsi que de RFSoC, disponibles en formats PCIe ou U.2, dédiées à l'accélération matérielle, au Smart Storage, ou comme ici au traitement de signaux. (crédit : D.F.)