Les deeptech sont devenues le fer de lance du Gouvernement pour redorer le blason industriel et technologique de l’Hexagone. Celles que l’on définit aujourd’hui comme des start-ups, issues du monde de la recherche, et s’appuyant sur des technologies de rupture sont, plus que jamais, propulsées à coups d’investissements, afin de passer à l’échelle. Pour montrer l’ambition de la France, l’Etat n’hésite pas à miser gros sur ces jeunes pousses. En octobre 2021, Emmanuel Macron avait ainsi engagé un plan d’investissement massif doté de 54 milliards d’euros baptisé France 2030. D’une durée de 5 ans, ce programme s’inscrit dans la lignée du plan France Relance. Il doit permettre de rattraper le retard de la France dans certains secteurs historiques et vise la création de nouvelles filières industrielles et technologiques.

En ce début de semaine, le gouvernement a annoncé piocher dans la caisse de ce plan faramineux qu’est France 2030. En ce sens, 500 millions d’euros supplémentaires sont alloués au secteur deeptech et viennent compléter le plan dédié, lancé en 2019, et doté de 3 milliards d’euros. Pour rappel, ce dernier est géré depuis sa création par Bpifrance qui suit de près l’évolution du secteur et accompagne les entreprises considérées comme les plus prometteuses. Le renforcement des moyens annoncé par Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie, se traduit par trois piliers.

500 millions répartis entre PUI, bourse et appel à projets

Il y a tout d’abord la mise en place de 25 pôles universitaires d’innovation (PUI). L'idée : « rassembler les équipes de recherche, à l’échelle d’un site universitaire, en dotant ce dernier d’une stratégie d’innovation, d’une gouvernance et de moyens agiles ». En novembre 2021, cinq établissements pilotes ont été chargés de déployer sur leur territoire un PUI : Normandie Université, Clermont Auvergne Université, Sorbonne Université, l’Université de Strasbourg et l’Université de Montpellier. Après la mise à disposition d’un budget de 9,5 millions d’euros alloué aux établissements pilotes pour financer la structuration de leur PUI, « 160 millions d’euros supplémentaires vont être mobilisés pour renforcer l’impact socio-économique de la recherche et pour fluidifier et intensifier les relations entre les acteurs de la recherche publique et la sphère socio-économique au sens large », affirme le gouvernement.

Le plan deeptech doit également être accéléré par un renforcement des actions existantes (i-Lab, bourse French Tech émergence, aide au développement deeptech) et la déclinaison d’actions supplémentaires (création de la bourse French Tech Lab). Pour cela, une enveloppe de 65 millions d’euros supplémentaires est mise à disposition. Un appel à projets vient compléter le tout. « 275 millions d’euros sont mobilisés autour de 17 projets retenus. Cette sélection s'inscrit dans le cadre de l’appel à projets maturation/prématuration de France 2030 pour structurer au niveau des stratégies nationales, la capacité de détection et d’accompagnement de la valorisation de la recherche. Les lauréats s’appuient sur les acteurs de proximité et mettent à disposition des actions spécifiques et de portefeuille : portefeuille de brevet, normalisation et accompagnement réglementaire pour tenir compte des spécificités de chaque filière ».

L’Etat veut financer en fonds propres

En parallèle, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, et Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, ont déclaré conjointement : « Nous complétons également nos interventions en fonds propres par le lancement prochain d’un nouveau fonds de capital-risque spécifiquement dédié aux deeptech, qui sera opéré par Bpifrance ». 100 millions d’euros doivent donc être débloqués. Le gouvernement voit les choses en grand et met la barre haute côté objectifs : la création de 100 licornes et de 500 start-ups deeptech par an d’ici 2030. Pour mémoire, en 2021, on en dénombrait 1 700, soit 10 % de l’ensemble des start-ups françaises. Dans son bilan, Bpifrance précise qu’elles captent, à date, pas moins de 20 % des montants levés. Aujourd'hui, on compte 2 512 deeptech pour un montant total de 3,6 milliards d'euros levés.