Les start-ups ont la cote en ce début 2022. Ce 19 janvier le Gouvernement a détaillé son plan de soutien aux start-ups industrielles pour redorer le blason français. Pour l’occasion, la ministre déléguée en charge de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, et le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, étaient présents dans les locaux d’Exotec, dernière start-up en date à avoir passé le cap de licorne. Cette dernière, spécialisée dans la logistique, conçoit et fabrique ses robots autonomes à base d'IA à Croix (Nord) près de Roubaix. Il y a de cela deux jours, la pépite française a bouclé un tour de table de 335 M$ (293 M€) et s’est vue valorisée à 2 milliards de dollars. « Exotec est un excellent exemple de la réussite de la politique d’innovation menée depuis 5ans […] » indiquait-il hier à l’Assemblée nationale.

Partant de cette réussite, Cédric O fait le constat de sites industriels, pour la plupart délocalisés et de la revente de R&D ou de la sous-traitance de la production à l’étranger. Pour relocaliser et relancer la filière industrielle française, avec à la clé, de nouvelles têtes, le gouvernement annonce une feuille de route chargée. « Sur les dernières années, ce sont plusieurs centaines de milliers d’emplois qui ont été créés et c’est, d’ici 2025, 200 000 emplois supplémentaires. Ce sont des industries comme Swile à Montpellier, Ledger à Vierzon, Exotec dans le nord, Agronutris à Toulouse, Aledia à Grenoble, qui, partout, renouvellent le tissu industriel français ».

Un plan à 2,3 milliards d’euros

Dans le détail, ce plan de 2,3 milliards d’euros englobe plusieurs systèmes de financement ainsi qu’un accompagnement sur-mesure piloté par la French Tech sous tutelle ministérielle. La stratégie « Start-ups industrielles et deep tech » fera partie du plan France 2030 annoncé quelques mois plus tôt par le président de la république, Emmanuel Macron. Concrètement, ce plan est divisé ainsi : entre aujourd’hui et 2026, un appel à projets est ouvert, financé à hauteur de 550 millions d’euros pour soutenir la création des premières usines. L’objectif : passer le cap de la R1D pour devenir démonstrateur industriel, notamment en ce qui concerne les lignes de production et les usines. Les projets seront financés sous forme de subventions et avances remboursables.

De son côté, Bpifrance recevra une enveloppe de 150 millions d’euros pour octroyer des prêts garantis sur 10 à 15 ans, allant chacun de 3 à 15 millions d’euros. En 2015, la banque d’investissement s’est dotée d’un fonds SPI (Société de projets industriels). D’une durée de sept ans, ce dernier arrivait donc à échéance, et se voit aujourd’hui renouvelé, avec une dotation portée à un milliard d’euros (contre 700 millions pour le premier volet). Il s’agira de financer en fonds propres des projets industriels, de l’ordre de 1 à 50 millions d’euros pour les débutants et jusqu’à 200 millions d’euros pour les plus avancés.

En 2019, l’Etat confiait à Bpifrance le plan Deeptech « pour faire de la France un acteur majeur de l’innovation de rupture à l’échelle mondial », avec pour objectif de « faire émerger 500 startups Deeptech par an en 2030 pour in fine créer les champions économiques et industriels de demain, porteurs d’innovations de rupture issues de la recherche ». A cet effet, une enveloppe de 275 millions d’euros est consacrée aux deeptech. Pour appuyer ce mouvement, Bpifrance reçoit à ce jour une autre enveloppe de 350 millions d’euros destinée à la création de fonds de capital-risque consacré à l’industrie.

Un horizon 2025 au beau fixe ?

Les objectifs sont clairs pour la start-up nation, la souveraineté et l’attractivité du pays sont en jeu. Cédric O n’a pas manqué de le rappeler, « Sans la politique d’attractivité du gouvernement, il n’y a pas les investissements étrangers en France, il n’y a pas les investissements étrangers dans Doctolib… ». Evoquant les concurrents américains et chinois, le secrétaire d’Etat au numérique a voulu se montrer ferme face aux doutes que certains pourraient émettre : « compte tenu de son apport à la nation française, compte tenu des créations d’emplois et de sa contribution à la souveraineté française, la startup nation, nous l’assumons à 100% ». De fait, le gouvernement prévoit 500 créations de start-ups deeptech par an (contre 250 aujourd’hui) ainsi que l’émergence de 100 nouveaux sites industriels émergés sur le territoire chaque année (contre 84 aujourd’hui).