Ce matin, mercredi 14 octobre, la CFE-CGC/UNSA de France Télécom s'est expliqué face à la presse sur les raisons qui lui ont fait quitter la table des négociations avec la direction. Le syndicat souhaite que les discussions ne se résument pas à la gestion du stress mais s'attachent à définir un véritable projet industriel. La CFE-CGC/UNSA estime qu'il faut traiter à la fois la question sociale et la question économique, et ne pas les isoler. Les négociations en cours ont été déclenchées à la suite des 24 suicides d'employés qui se sont déroulés chez France Télécom en 18 mois. « Les négociations ne sont pas des négociations, résume Sébastien Crozier, élu au Comité Central d'Entreprise (CCE). Nous voulons des interlocuteurs crédibles. Nous voulons l'ouverture de champs de discussions pas seulement sur la question sociale mais aussi autour de la financiarisation de l'entreprise. Nous voulons un accord de l'Etat pour dire que l'on veut clairement se débarrasser des gens et ne pas leur donner de pseudos temps partiels -assumer un plan de retraite et ne pas exercer de harcèlement moral sur les gens dont on ne veut plus. Nous ne voulons plus de statuts privés appliqués à des fonctionnaires qui n'y ont pas droit. Nous voulons l'interdiction des délocalisations. En résumé, on quitte les négociations parce qu'on pense qu'on se fout de notre gueule. » « Ce n'est pas avec des négociations qui ne portent que sur le stress que l'on va régler le problème, insiste le syndicaliste. Si on s'enferme dans ce type de discussions, tout recommencera dans quelques mois. Il faut évoquer le projet industriel de l'entreprise. » Changer d'interlocuteur, pour commencer Le syndicat souhaite ainsi, pour commencer, changer d'interlocuteur pour ce type de négociations et ne plus se trouver face à Didier Lombard, qui prend sa retraite de PDG dans quelques mois et « n'et pas un interlocuteur crédible. ». « Nous voulons que l'actionnaire, l'Etat, soit présent, ajoute Sébastien Crozier. » « Chez Bouygues, compare Sébastien Crozier, l'actionnaire, c'est la famille Bouygues. Ils ont 15 ou 16%. L'avantage, c'est qu'ils ont un vrai projet industriel. Ils n'ont pas délocalisé leurs centres d'appel. Ils ne vivent pas au rythme des actions. On peut nous dire que c'est une entreprise paternaliste, bien sûr. Mais on préfère le paternalisme à l'hystérie financière. Sans vouloir rester 30 ou 40 ans dans la même entreprise, les gens veulent retrouver un projet à partager. » Et à la question de savoir si il préférerait parler avec Stéphane Richard, tout nouveau numéro 2 de l'opérateur, le syndicaliste répond plutôt favorablement même si il tempère en rappelant que celui-ci est tout nouveau dans l'entreprise. « Si il a l'intelligence de planifier un vrai plan industriel - et vu sa carrière, on peut l'imaginer- c'est une bonne idée. » Les syndicalistes posent donc aussi la question de la politique de recrutement. « La moyenne d'âge est de 48 ans, et la moitié des employés a plus de 50 ans. Il faut recruter des jeunes. Et pas en CDD, ni en temps partiel, ni en apprentissage. 400 à 500 personnes partent chaque mois et pour 2009, il n'y a que 900 recrutements prévus. » Et le syndicat a rappelé qu'il réclamait l'interdiction des délocalisations, en particulier pour les centres d'appel. « L'arrêt des mobilités était évidemment indispensable, a par ailleurs asséné Sébastien Crozier, avant de rappeler qu'un fonctionnaire d'Etat n'a pas le droit de refuser la mobilité. Historiquement, un pacte social qui faisait qu'au cours de sa carrière, on se rapprochait géographiquement de chez soi. France Télécom a usé et abusé de cette disposition. » Le site RéagirEnsemble du syndicat inaccessible car considéré comme pornographique