En proie à des difficultés structurelles avec le déclin progressif de son cœur de métier (la carte à SIM) et un repositionnement difficile sur des secteurs plus porteurs (NFC, eSIM, cloud et cyber sécurité), Gemalto a fini par trouver son chevalier blanc pour échapper à l’OPA hostile d’Atos qui comptait profiter de la basse valorisation du groupe. C’est donc le groupe spécialisé dans l’électronique, le transport et la défense Thales (14,9 milliards d'euros de chiffre d’affaires en 2016) qui vient au secours de Gemalto (3,3 milliards d'euros de chiffre d’affaires en 2016) pour relancer la machine et faire face à la concurrence chinoise et à la déferlante des EMV aux États-Unis.

Depuis la rocambolesque affaire Texas Pacific Group (aujourd’hui TPG Capital), le gouvernement français ne voulait pas risquer de laisser une nouvelle fois filer à l’étranger des technologies stratégiques dans la sécurité numérique. Donc, à défaut d’Atos qui étudiait le dossier depuis plusieurs mois, ce sera Thales qui propose un prix de 51 euros par action (soit une valorisation de 4,8 Md€), contre 46 euros (4,3 Md€) pour Atos.

Un PSE maintenu chez Gemalto 

Dans un communiqué de presse, Thales précise qu’il « n’anticipe pas de suppressions d’emplois qui résulteraient de cette acquisition ». Un message clair à destination des syndicats avec un engagement « à préserver l’emploi dans les activités françaises de Gemalto au moins jusqu’à fin 2019 ». Le PSE qui inquiète l’intersyndicale de Gemalto se poursuit mais avec des offres de reclassement chez Thales : « Dès à présent, les employés concernés par le plan social lancé récemment par Gemalto bénéficient d’un accès aux bourses de l’emploi et au programme de mobilité interne de Thales, et ceci aux mêmes conditions que les employés de Thales ».

Thales (65 000 salariés) a décidé de s’offrir Gemalto en prenant donc bien soin de rassurer les salariés du groupe (14 000 personnes) avec un engagement pour l’emploi sur deux ans. Le conseil d’administration de Gemalto a accepté et recommandé l’offre de Thales avec la signature d’un accord de rapprochement. « J’ai la conviction que l’arrivée de Gemalto au sein de Thales est le choix le plus porteur et le plus pertinent pour notre entreprise,  ses collaborateurs, ses clients, ses actionnaires et ses autres parties prenantes », indique Philippe Vallée, directeur général de Gemalto dans un communiqué. De son coté, Atos prend acte de la dérobade de Gemalto et indique « ne pas donner suite à sa proposition d'acquérir la société Gemalto au prix de 46 euros par action », tout en restant disponible si le projet venait à capoter.