Il faut être vigilant concernant les promesses de formation des SSII. Leurs efforts dans ce domaine semblent en décalage avec leurs effets d'annonces. C'est ce que révèle l'Etude du cabinet Alpha, menées sur les problématiques métiers dans les SSII (*). En 2003 et 2004, les SSII étudiées ont consacré 3,2% de leur masse salariale à des formations, ce qui est supérieur au minimum légal, mais bien inférieur aux chiffres communiqués par le Syntec (la fédération patronale du secteur). Plus ennuyeux, les temps de formation moyens pratiqués sont respectivement de 34 et 36 heures pour les employés et les IC (ingénieurs cadres), ce qui est loin de suffire pour des formations qualifiantes qui nécessitent au moins trois semaines, souligne le groupe Alpha. Ce constat pose notamment la question du lien entre formation et employabilité. Les SSII ne semblent pas avoir intégré concrètement l'adaptation des compétences comme une donnée clé de leur développement et de celui des collaborateurs. Le peu d'outils concrets destinés à la gestion des compétences recensés par Alpha lors de son étude le confirme. L'enjeu est pourtant critique, puisque les métiers évoluent et que le modèle dans lequel se situent les SSII a changé. "Les clients veulent des gens formés et n'assurent plus l'apprentissage des informaticiens, comme c'était le cas auparavant dans le cadre notamment des prestations en régie", explique Philippe Lecigne, consultant pour le groupe Alpha." Par ailleurs, les SSII ne sont plus seulement un lieu de passage pour les informaticiens en attendant d'aller chez les utilisateurs. Les gens restent davantage qu'auparavant et peuvent y faire carrières, ce qui pose la question de la valorisation de leurs compétences dans le temps". Il y a donc des changements à intégrer dans les SSII en matière de gestion des compétences, que ce soit vis-à-vis des populations jeunes ou des plus expérimentées. L'étude d'Alpha montre notamment que la moyenne d'âge dans les SSII est de 38 ans -contre 34 ans selon Syntec-, ce qui implique une problématique de gestion des "seniors" à prendre en compte, dans un secteur ou ce statut canonique est presque atteint à 35 ans. La reprise devrait y contribuer. "Les discours sont là, les choses se mettent en place" confirme Philippe Lesigne, même si les sociétés manquent encore d'outils". La réforme de la formation professionnelle devrait aussi y participer. Le Dif (droit individuel à la formation) étend la formation à tous les salariés et les périodes de professionnalisation favorise les formations longues et qualifiantes à moindres coûts. (*) Alpha a mené cette enquête au travers des indicateurs présents dans les bilans sociaux de 24 SSII représentatives du secteur.