S'il est de notoriété publique que Google attire les talents de toute la planète, ce que l'on sait un peu moins c'est que la société fait aussi briller les yeux des membres de nombreux gouvernements européens. D'après le rapport Google Transparency Project publié par Campaign for Accountability (CfA), un organisme américain qui pointe du doigt l'influence du géant de la recherche sur les politiciens, on apprend que que la firme de Mountain View a recruté depuis 2005 pas moins de 65 collaborateurs ayant précédemment occupé des postes gouvernementaux de très haut niveau.

C'est le cas par exemple de Tomas Gulbinas, ancien ambassadeur de Lituanie ou encore de Georgios Mavros, assistante parlementaire de l'ancienne députée européenne Marielle Gallo, tous deux fraîchement recrutés en 2015. Dans le même temps, 15 collaborateurs de Google ont pourvu des postes au sein de pays européens comme Baroness Joanna Shields, ancienne directrice de la syndication, développement business et partenariats de Google nommée ministre de la sûreté et de la sécurité de l'Internet au département de la culture, des médias et des sports. Sans oublier un certain Eric Schmidt, CEO de Google, devenu conseiller auprès du premier ministre britannique David Cameron.

Un effort notable de lobbying

Ce festival de recrutements croisés entre Google et de nombreux pays européens ne manque pas d'intriguer, tant on connaît les relations - loin d'être idylliques - entre la firme de Mountain View et l'Union Européenne qui a entrepris plusieurs actions contre elle aussi bien pour abus de position dominante concernant Android que dans l'affaire du droit à l'oubli. Mais il semblerait que le recrutement de personnalités européennes par le géant de la recherche fasse partie intégrante de sa stratégie et d'un vaste plan de lobbying : « La vague de recrutements gouvernementaux de Google fait partie d'un nouvel effort pour stimuler son influence dans les cercles de réglementation européenne après une tentative de conclure une investigation antitrust de la commission européenne de 2014. Dame Margaret Hodge, qui a servi en tant que membre du parlement pour le parti travailliste depuis 1994 a indiqué que la quête d'influence de Google dans la sphère publique par le biais de recrutements stratégiques est partie intégrante de son modèle économique. »