« Cette découverte pourrait être très profitable à Oracle, et se retourner contre Google, » écrit Florian Mueller dans un blog. Suite à un examen attentif du code des versions 2.2 (Froyo) et 2.3 (Gingerbread) d'Android, l'expert, à l'origine d'une campagne NoSoftwarePatents, a identifié six fichiers ressemblant très fortement à des fichiers Java. Ceux-ci viennent s'ajouter au nombre de fichiers pointés par Oracle et faisant déjà l'objet d'une action en justice. De plus, l'expert a mis à jour 37 fichiers présents dans le code d'Android dans lesquels il a trouvé une note indiquant que le code était la propriété de Sun. « Peu importe ce qu'affirme Google. Cet en-tête spécifiant le droit d'auteur est tout sauf une autorisation de placer l'ensemble sous licence Apache, » écrit-il. Google licencie Android à ses utilisateurs sous licence Apache. « Même si l'on faisait valoir que Oracle/Sun ont ensuite cédé les droits du fichier sous licence GPL - je n'ai pas trouvé de preuves concluantes à ce sujet -, cela ne permet pas de procéder à un tel transfert de licence. » Si les différences entre le code utilisé par Google et le code Java original, sont mineures, Florian Mueller a constaté néanmoins que celles-ci découlaient de l'utilisation d'un décompilateur. Ainsi, en décompilant sept fichiers Java différents avec le décompilateur Java JAD, l'expert a pu se rendre compte que le résultat obtenu était presque identique aux fichiers trouvés dans Android. Pour l'instant, Google n'a pas réagi à ses allégations.

Pour Ed Burnett, un développeur qui écrit certains papiers pour ZDnet, certains éléments de codes pointés par Florian Muller avaient été effacés et ne se retrouveraient pas dans les versions d'Android qui ont été livrées avec les appareils mobiles. « Sept fichiers servent de test pour le code et ne sont pas livrés avec le produit, » a t-il précisé sur un blog. « En outre, ceux-ci ont été supprimés d'Android en fin d'année dernière ou au plus tard au mois de janvier, » a t-il ajouté. « Les autres fichiers se trouvent dans un répertoire utilisé par le code natif des pilotes audio de certains processeurs, » a ajouté Ed Burnett. « Ces fichiers ne sont pas livrés avec Android, et ont probablement été transférés par erreur et devraient être supprimés, » a t-il déclaré.

Des retraits de code tâchés de suspicions


Cependant, Florian Mueller affirme que le code contenu par l'arborescence de test est relatif à la sécurité et qu'il a été livré sur nombreux appareils Android. « Même si le code sur d'autres fichiers ne se retrouve pas dans l'arborescence du système Android actuel, il a été utilisé dans deux versions qui tournent sur plus de la moitié des téléphones Android en circulation aujourd'hui, » fait-il remarquer. « D'un point de vue juridique, il n'est pas possible d'annuler une plainte en retirant simplement un ensemble particulier de fichiers - cela permet juste d'éviter des récriminations supplémentaires, » a t-il déclaré dans une interview.

Au mois d'août, Oracle avait déposé la plainte contre Google, affirmant que son système d'exploitation Android empiétait sur les droits d'auteur de Java acquis par Oracle avec le rachat de Sun. Google estime que cette plainte est sans fondement et nie l'infraction. Mais s'il est reconnu que Google porte atteinte à la propriété intellectuelle de Java, l'entreprise pourrait avoir à payer une redevance de licence à Oracle pour chaque appareil tournant sous Android. Le géant de l'internet pourrait certes répercuter ce coût sur les fournisseurs d'appareils mobiles. Mais, une telle condamnation pourrait surtout diminuer l'attrait d'Android en tant que système d'exploitation Open Source. Android, dont la popularité n'a pas cessé de croître au cours de l'année passée subit de nombreuses attaques sur le front juridique de la part de plusieurs entreprises. La plainte menée par Apple contre HTC concerne Android, de même que celle de Microsoft engagée contre Motorola et que Gemalto a intenté contre Google, Motorola, HTC et Samsung.

 

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