La croissance du secteur des technologies durables pourrait avoir des effets positifs sur le secteur informatique, marqué ces dernières années par des plans de réduction d’effectifs de grande ampleur. Au cours de l’année écoulée, aux Etats-Unis, les entreprises IT grandes et petites ont supprimé plus de 240 000 emplois, et si la tendance s'est ralentie dernièrement, elle ne s'est pas arrêtée pour autant, avec près de 7 000 licenciements pour le seul mois de novembre. L’augmentation des licenciements dans l’informatique contraste avec le dynamisme du marché des énergies décarbonées. Selon un rapport du groupe industriel E2, les emplois dans ce domaine ont augmenté de 10 % au cours des deux dernières années, plus rapidement que l’économie globale aux Etats-Unis.  

La loi sur la réduction de l’inflation (IRA) prévoit une croissance supplémentaire jusqu’en 2032, en particulier pour les techniciens d’éoliennes (+45%) et les installateurs de panneaux solaires photovoltaïques (croissance de 22 %), avance le Bureau américain des statistiques du travail.

Dans le domaine des technologies durables, les professionnels des données et de la sécurité IT font partie des plus demandés outre Atlantique. (Source: Bureau of Labor Statistics)

Un secteur exigeant sur la formation

Au-delà des postes scientifiques et techniques, il existe un besoin croissant dans les métiers du service, de la vente et du support ainsi que dans les data et dans la sécurité IT. Certaines compétences telles que les développeurs, les chefs de projet et les concepteurs d’applications sont même en tension. Désormais, les technologies durables représentent plus de 3 % de tous les emplois créés chaque année aux États-Unis, créant ainsi des perspectives de carrière dans plus de domaines que n’importe quel secteur de l’économie. À mesure que le Green IT passe du stade de démarrage des startups à la commercialisation, la demande en compétences augmente. 

Pour autant, la transition vers des emplois IT dans ce domaine ne pourra pas se faire sans heurts pour les professionnels du numérique, car certains postes exigent des connaissances et expériences spécifiques. De ce fait, les établissements d’enseignement supérieur, les plateformes d’apprentissage et les associations industrielles sont appelées à proposer des formations spécialisées ainsi que des certifications pour accompagner la montée en compétences dans chaque domaine environnemental.

Le marché du travail américain dans les énergies vertes par secteur en 2022.  (Source: rapport cleanjobs E2) 

Les start-ups françaises bien placées sur les levées de fonds 

L’accompagnement apparait d’autant plus stratégique dès lors que plus de 800 milliards de dollars ont été investis dans des initiatives climatiques et environnementales. Le marché du travail dans ce secteur est prêt à connaître une expansion significative en raison des incitations économiques et des changements politiques tels que la loi sur la réduction de l'inflation, mais également la loi bipartite sur les infrastructures et le pacte vert de l'UE. Les entreprises de l’énergie et de véhicules propres ont par ailleurs annoncé 210 projets majeurs dans 38 états outre-Atlantique au cours de l’année qui a suivi la promulgation de la loi IRA le 16 août 2022.

À l’échelle européenne, les startups tricolores représentent 15% de l’ensemble des organisations IT durables. Selon HolonIQ’s, qui organise chaque année The Europe Climate Tech 200 awards, le Royaume-Uni comptabilise le plus d’acteurs, avec 33% des startups contre 24% pour l’Allemagne. Au niveau mondial, la France se place au cinquième rang pour les investissements en Venture Capital dans les technologies vertes, d’après un rapport publié par London & Partners et Dealroom.co en 2021.