Du reste, reprend Christian Paul à l'adresse de la ministre, la loi Création et Internet se méprend dans son approche de la notion de droit d'auteur. Celui-ci « a toujours été, depuis deux siècles, la défense des petits contre les gros, ce n'est pas la défense des créateurs contre leur public. Or, votre projet de loi oppose systématiquement les créateurs contre les internautes. A aucun moment, il n'aide à l'émergence d'un modèle économique nouveau, qui soit rémunérateur pour la création. En cela, il n'est qu'une illusion. » Peu convaincante, Christine Albanel a assuré que les mesures « pédagogiques » de sa loi ne seront pas attentatoires à une liberté fondamentale « car on peut avoir accès à Internet ailleurs que chez soi ». Elle a également reconnu que le système qu'elle défend ne sera pas infaillible et que certains internautes pourront contourner la surveillance exercée par les industries culturelles en cryptant les échanges ou en masquant leur IP. « Le but n'est pas de parvenir à 100% de résultats, a argumenté Christine Albanel, c'est de faire baisser le piratage très sensiblement. » Certaines mesures visant à limiter les contournements de la loi sont d'ores et déjà évoquées. « Un texte furieusement ringard » Ainsi, face aux échanges illicites sur des réseaux WiFi publics, la ministre préconise de ne pas suspendre l'accès à Internet mais de mettre en place un aberrant système de liste blanche. En clair, les personnes morales mettant à disposition du public une connexion à Internet pourraient n'autoriser l'accès qu'à une batterie de sites Web préalablement recensés et vérifiés. Ces « mesures préventives » étant justifiées par la volonté de ne pas faire des accès publics « des bases de lancement du piratage ». La Quadrature du Net résume cette volonté de filtrage par une formule fort à propos : « Il semblerait que la ministre veuille renvoyer les internautes à l'âge du Minitel. » Des propos semblables à ceux de Christian Paul, pour qui la future loi n'est rien d'autre qu'un « texte furieusement ringard ».