Après avoir levé une partie du voile sur son processeur UltraSparc T1 à huit coeurs, Sun a annoncé officiellement les deux premiers serveurs, les T1000 et T2000, tournant sous Solaris et utilisant ce processeur. Le premier est une version économique, aux capacités d'extension limitées, qui tient dans un boîtier au format 1 U (4,45 centimètres). Il sera disponible dans le courant de ce mois de janvier. Le second, dans un boîtier de 2U, peut accepter des disques dur SAS (Serial Attached SCSI), des alimentations et ventilateurs redondants, jusqu'à 32 gigaoctets de mémoire vive et une panoplie complète d'entrées-sorties. Il est d'ores et déjà disponible. Le principal argument de Sun pour son T1, dont le nom de code était Niagara, c'est sa faible consommation électrique (72 Watts) et sa forte capacité de traitement en mode mulitransaction (la traduction choisie par Sun à multithread, préférée à multitâche). Chaque coeur traite quatre transactions, un processeur est donc capable de traiter trente-deux transactions. "Et sans avoir besoin de modifier les logiciels", insiste Marc Tremblay, vice-président de Sun et "père" du T1. Le sujet de la performance brute du processeur est cependant évité. "Nous n'avons pas cherché à réaliser un processeur pour le poste de travail, ni pour briller en calcul flottant, ce qui est inutile dans le cadre d'un travail transactionnel". Le T1 va à contre-courant de la tendance à améliorer sans cesse les performances brutes du processeur de base. "Nous avons construit le T1 à partir d'éléments très simples" poursuit Marc Tremblay. Ainsi, on ne trouve pas de prédiction de branche dans le T1 qui mise sur son architecture et ses quatre contrôleurs mémoire intégrés, et non pas sur l'optimisation forcenée d'un coeur." Des serveurs à évaluer sur de vraies applications Les T1000 et T2000 offrent d'excellents rapports prix/performance, au moins pour les applications transactionnelles et Java, et pour des calculs comme la cryptographie. Sun prend acte d'une évolution des serveurs différenciés en fonction de leur destination. L'heure ne semble plus au processeur universel. "Evaluez le T2000 sur vos applications réelles, enjoignait le vice-président de Sun responsable des systèmes, Fred Desantis, devant un parterre de clients, et non pas sur des tests standards". Sur des tests applicatifs bien choisis, le T2000 écrase effectivement la concurrence. Avec, en plus, une consommation électrique très inférieure (325 Watts pour un T2000 en configuration réelle). Le discours écologique de Sun peut prêter à sourire. Mais, très pratiquement, l'économie sur la facture électrique peut atteindre, sur trois ans, le tiers du prix de la machine! Et les responsables informatiques de centres de calculs, confirment que la dissipation de chaleur est devenue un vrai casse-tête. Enfin, pour souligner son retour spectaculaire dans le domaine du processeur, Sun a annoncé l'ouverture du design de l'UltraSparc T1. L'objectif pour Sun, outre la volonté de se poser en chantre de l'ouverture, aussi bien dans le domaine du logiciel que du matériel, est de favoriser « le dynamisme de notre écosystème», pour reprendre les termes des responsables de l'entreprise. Si l'initiative de Sun rencontre un écho favorable, on pourrait voir arriver dans deux ou trois ans des processeurs dérivés du T1 et mis en oeuvre dans des « boîtes noires » destinées à un usage spécifique. Un secteur où Sun est peu présent...