Le réseau interbancaire basé sur blockchain annoncé lundi dernier par IBM va permettre aux institutions financières de pays étrangers d’effectuer plus rapidement et à moindre coût leurs transactions. Basé sur la plate-forme IBM Blockchain alimentée par Hyperledger Fabric, le réseau doit réduire les délais des règlements et le coût des paiements internationaux pour les entreprises comme pour les consommateurs. Dès l’an prochain, IBM invitera un certain nombre de banques commerciales à rejoindre son réseau. La solution prend déjà en charge les transactions directes sur 12 corridors de devises entre les îles du Pacifique et l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, grâce à son adoption précoce par les membres de l’Advanced Pacific Financial Infrastructure for Inclusion (APFII), un partenariat public-privé financé initialement par les Nations Unies et la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (Swift). Au début de l'année prochaine, la solution devrait traiter jusqu'à 60 % de tous les paiements internationaux des corridors de devises du marché de détail du Pacifique Sud.

Déployée en collaboration avec le réseau de chaînes de blocs open source Stellar.org et le système de paiement international KlickEx Group, l’objectif de la solution IBM est d’améliorer la rapidité des opérations de compensation et de paiement interbancaires, jusqu’à atteindre le temps quasi réel. « C'est la première fois qu’un fournisseur propose du blockchain à une échelle institutionnellement viable », a déclaré Robert Bell, président de l’APFII et fondateur de KlickEx Group. « Grâce à KlickEx, les pays de la zone Pacifique ont pu bénéficier, depuis quasiment une décennie et ce à un prix relativement peu élevé, d’un système de paiements de devises en temps réel, et ce projet est venu naturellement prolonger notre travail de mise en place d’un système de paiements harmonieux et sans frontières à travers le Pacifique. Nous sommes impatients d’utiliser IBM Blockchain pour réduire davantage encore toute friction dans les paiements transfrontaliers ».

Plusieurs POC un peu partout dans le monde 

Dans une chaîne de blocs de registres partagés, toutes les parties concernées ont accès à la compensation et au règlement des transactions financières. La chaîne doit accélérer les flux financiers à l'échelle mondiale pour tous types de paiement et de valeurs. Les institutions financières pourront choisir elles-mêmes le réseau de compensation pour échanger les actifs numériques émis par la banque centrale. À titre d’exemple, big blue a cité le cas d’un agriculteur de l’État indépendant des Samoa utilisant le réseau. « À l'avenir, le nouveau réseau d’IBM pourrait permettre à un agriculteur des Samoa de conclure un contrat commercial avec un acheteur indonésien. Avec blockchain il pourrait enregistrer les termes du contrat, gérer la documentation commerciale, mettre en place des garanties, obtenir des lettres de crédit et finaliser la transaction par un paiement immédiat », a déclaré IBM dans un communiqué.

Cette année, l’Australie a mené plusieurs preuves de concepts de technologies blockchain : en mars Australia Post et Blackmores ont rejoint une initiative blockchain menée par Alibaba sur la collecte alimentaire en Chine ; en mai, l’entreprise australienne de production électrique AGL Energy a fait part de son intention de tester la vente d'énergie en pair-à-pair avec des ménages utilisant la technologie blockchain ; en janvier, la Commonwealth Bank of Australia et la Queensland Treasury Corporation ont créé « la première obligation cryptée du gouvernement » (l’adoption généralisée de ce type de produit ne sera pas pour demain). Plus tôt ce mois-ci, IBM et UBS Group ont lancé une initiative commune qui doit déboucher sur une plate-forme blockchain baptisée Batavia avec Commerzbank AG, la Banque de Montréal, Erste Group Bank AG et CaixaBank SA. « Grâce aux conseils des plus grandes institutions financières du monde, IBM explore de nouvelles pistes pour rendre les réseaux de paiements plus efficaces et plus transparents, l’objectif étant de permettre des opérations bancaires en temps réel, même dans les régions les plus reculées du monde », a déclaré Bridget van Kralingen, vice-présidente senior IBM Industry Platforms. « En proposant des technologies de registres distribués plus interopérables, IBM fait progresser rapidement la blockchain et s’affirme dans son leadership », a-t-elle ajouté.