En 2011, le supercalculateur Watson, dérivé du projet DeepQA d'IBM avait fait sensation en infligeant une cuisante défaite à ses concurrents humains au jeu télévisé Jeopardy. IBM avait ensuite étendu les compétences- autrement appelées « computing cognitif » - utilisées par Watson aux domaines de la santé. Aujourd'hui, le constructeur est prêt à partager Watson avec le reste du monde. « Nous avons amélioré et fait évoluer la technologie. Elle est maintenant mature », a déclaré dans une interview Rob High, chercheur émérite et CTO de Watson chez IBM. « Watson est stable et assez mûr pour être mis dans un écosystème. Nous avons la conviction que nous avons un outil très spécial entre les mains et que nous ne devrions pas le garder pour nous tout seuls ».

Des évolutions depuis Jeopardy

Depuis le fameux Jeopardy qui a valu à Watson sa réputation mondiale, le supercalculateur a « parcouru un long chemin », a encore déclaré Rob High. Au départ, IBM avait choisi de concentrer Watson au domaine de la santé à cause du challenge « particulièrement compliqué » posé par les contraintes linguistiques du secteur. « Nous avons pensé que si nous étions capables de maîtriser ces contraintes, nous serions prêts à affronter d'autres domaines », a-t-il expliqué. Depuis également, la taille de Watson a été considérablement allégée. Pour participer au jeu Jeopardy, il avait fallu déplacer un système de 2 900 coeurs avec 15 To de RAM. Aujourd'hui, la version de base du système comporte entre 16 et 32 coeurs et 256 Go de RAM. « IBM peut chaîner plusieurs boîtes Watson ensemble si nécessaire pour une mise à l'échelle », a précisé le CTO.

Watson a aussi bénéficié d'autres améliorations, comme le support à des formats de documents supplémentaires et la capacité de reconnaître davantage d'éléments à l'intérieur de ces documents, comme des tables intégrées. « Il est aussi capable d'affiner la façon dont il répond aux questions », a encore précisé le CTO d'IBM. Pour le jeu Jeopardy, les problèmes étaient posés comme des réponses et les candidats devaient répondre sous la forme d'une question. « Dans le monde réel, il faut répondre par de simples phrases », a-t-il déclaré.

Le service cloud de Watson, un changement profond pour le développement

IBM a commencé à travailler avec un petit nombre de partenaires sur le service cloud géré par Watson, chacun développant des applications spécialisées. Par exemple, le programme créé par Fluid aura une application dans le commerce de détail. « L'idée est de créer un dialogue permanent entre le consommateur et Watson. Le supercalculateur aura pour fonction d'aider les consommateurs à prendre des décisions d'achat plus éclairées », a expliqué Rob High. Le cloud sous Watson donnera aussi accès à un ensemble d'outils de développement, aux API du système, ainsi qu'à du matériel de formation et à une boutique d'applications en ligne.

Big Blue prévoit également de travailler avec des capital-risqueurs pour trouver des startups qui souhaitent créer des logiciels basés sur Watson. « Tout programmeur connaissant l'API RESTful pourra facilement développer du code pour interagir avec Watson », a déclaré le CTO d'IBM. Mais, selon lui, leur véritable travail sera de comprendre la différence fondamentale entre ce que permet Watson par rapport aux plates-formes de programmation existantes. « Les systèmes cognitifs sont différents en ce sens qu'ils ont la capacité de simuler le comportement humain », a-t-il expliqué. « D'une manière générale, l'homme a dû s'adapter à l'ordinateur. Les systèmes cognitifs vont nous permettre de demander à l'ordinateur de s'adapter à l'homme ». Les détails sur la mise route prochaine du service cloud basé sur Watson, dont le prix, sont en cours de finalisation.