Ils étaient nombreux, clients et partenaires, à se presser au Carrousel du Louvre pour l’IBM Think Summit. L’évènement hexagonal promettait à la fois des tables-rondes, des ateliers et un espace de démonstration. Dès l’ouverture, Nicolas Sekkaki, patron d’IBM France, est bien évidemment revenu sur l’interrogation présente à l’esprit des participants : Pourquoi le rachat de Red Hat ?

Middleware, applications, Watson, tous conteneurisés

« Sur la partie infrastructure, nous avons beaucoup travaillé sur le cloud. Il reste des efforts à faire sur le patrimoine applicatif, 80% des applications ne peuvent aujourd’hui pas migrer dans le cloud. Red Hat apporte des réponses avec OpenShift sur base Kubernetes et la technologie de conteneurisation », précise le dirigeant.

« Les conteneurs sont aux applications, ce qu’a été la virtualisation aux serveurs », n’hésite pas à dire Nicolas Sekkaki. Et IBM a commencé à intégrer cette tendance à tous les étages, du middleware à travers la déclinaison de ses offres Cloud Pak et même Watson. Ce dernier ne fonctionnait que sur le cloud d’IBM. « Avec OpenShift, nous avons conteneurisé Watson pour le rendre disponible sur d’autres cloud ou sur des infrastructures hébergées privées », glisse le responsable. Il reste néanmoins pragmatique sur la conversion des applications aux conteneurs, « sur les 80%, si on arrive à transformer 30 à 40% des applications en micro-services, cela sera bien ». Un travail de longue haleine, mais qui n’entame pas l’optimisme de Nicolas Sekkaki, qui prévoit « une embauche de 200 à 300 personnes sur le cloud notamment des consultants métiers en charge de la bascule du patrimoine applicatif ».

Une instance cloud public IBM au sein de BNP Paribas

Le Think Summit a été également l’occasion de voir des clients témoigner sur l’intégration de solutions IBM. Sur la partie cloud, BNP Paribas a eu une démarche originale en créant « une instance de cloud public IBM dans ses datacenters », explique Christophe Boulangé, directeur cloud de la banque. L’aventure débute en 2014 quand l’établissement bancaire regarde avec attention le cloud privé pour réduire ses dépenses et revoir la façon de délivrer son IT. « A travers un portail de self-service, nous pouvions provisionner des VM en quelques heures et rationaliser nos datacenters », relate le responsable. Puis, les développeurs ont voulu un accès direct au cloud, « nous leur avons ouvert une plateforme as a service en 2016 », se souvient-il. A cette occasion, le dirigeant a constaté « un fossé entre le référentiel des développeurs très orientés cloud public avec un foisonnement de services et la façon de penser des équipes IT ». Selon lui, « il était nécessaire de faire une rupture dans notre façon d’approcher le cloud ».

Face à ce constat, « nous avons consulté le marché pour changer notre paradigme de cloud privé pour aller vers le cloud public ». Après un premier filtre des sociétés « compatibles avec l’ADN de la banque » et un second lié à l’activité régulée de l’établissement, BNP Paribas a fait le choix d’IBM. La solution a été validée fin 2018 et vise notamment « à prendre une instance de cloud public d’IBM et à la mettre dans les murs de la BNP à l’horizon 2020 », précise Christophe Boulangé. A noter que ce projet intègre « des dispositifs spécifiques de sécurité pour un contrôle de bout en bout exigé par le régulateur ». Cela passe par du chiffrement, et en l’absence de cryptage, « nous avons une équipe de production dédiée au sein de BNP Paribas pour délivrer les solutions », détaille le directeur cloud. Ce projet transforme profondément la DSI notamment les équipes de production qui « doivent intégrer la sécurité, l’automatisation et éviter les erreurs humaines ». Pour l’avenir, ce projet qui est dans un premier temps européen a vocation à s’internationaliser. De même, partenaires ou concurrents s’intéressent à cette initiative et une réflexion est menée « pour leur apporter ce dispositif ». BNP Paribas bientôt fournisseur de cloud public, une idée à suivre !

La technologie au service de l’expérience client et collaborateur

Un autre volet a été couvert lors du Think Summit : l’expérience client et collaborateur. Autour d’une table, IBM France a réuni Barbara Lavernos, vice-présidente exécutive et chief technology and operations officer de l’Oréal , Véronique Lacour, directrice exécutif groupe transformation et efficacité opérationnelle chez EDF et Pascal Berger, directeur général de Sixsense du groupe Vinci Construction. Pour le groupe de produits cosmétiques, la dirigeante rappelle qu’il faut « une symétrie des expériences entre les consommateurs et les collaborateurs ». Sur les utilisateurs, elle évoque le cas de la Roche Posay avec « une application pour analyser la peau et réaliser un diagnostic de dermo-beauté ». Pour les collaborateurs, « l’expérience passe par de la BI et de la dataviz pour suivre les commandes en temps réel notamment sur des pics d’activité comme le 11/11 en Chine ou un Black Friday ». Chez EDF, la transformation passe par une évolution interne à travers l’immobilier, souligne Véronique Lacour, « nous avons travaillé avec les métiers pour nous adapter au collectif. Les bureaux doivent favoriser la collaboration, ils sont ultra-connectés. La mobilité est favorisée en supprimant la téléphonie fixe et les dossiers papiers ».  

Le cloud est un élément important pour proposer des services innovants. Barbara Lavernos souligne que « le cloud fait fleurir des initiatives comme le service Color&Co qui met en relation les utilisateurs avec des coiffeurs pour choisir sa couleur ». Elle évoque aussi « un projet de traçabilité avec IBM sur La Roche Posay et la mise en place de QR Code donnant à l’utilisateur des informations sur le produit, sur les ingrédients et des vidéos sur le circuit de qualité ». Véronique Lacour reconnait de son côté que « le cloud change la relation avec le client. Les plateformes permettent un suivi des consommations et l’adoption d’écogestes ». L’impact du cloud est double pour Pascal Berger, « en interne, il a cassé les silos avec la conteneurisation des applications et en externe, il permet une meilleure gestion des assets ». Pour les trois participants, l’apport du cloud et plus généralement de la transformation digitale implique un changement d’état d’esprit par l’adoption de méthodes agiles et la création d’équipes pluridisciplinaires sur les projets.