Cette fois ça y’est. Deux ans et demi après avoir été présenté - sous forme de maquette - le centre en recherche et co-innovation d’IBM France à Paris Saclay vient d'être officiellement inauguré, en grande pompe avec découpe de ruban, et la présence notable du sous-préfet de Palaiseau Alexander Grimaud, du secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O et de la présidente d'IBM France Béatrice Kosowski. François Durovray, président du conseil départemental de l'Essonne, Grégoire de Lasteyrie, président de la communauté d'agglomération Paris-Saclay et conseiller régional d’Ile de France, ainsi que David Ros le maire de la ville d'Orsay; étaient également présents lors de cette inauguration. Ce projet, dont les prémisses remontent à 2016, avait fait l’objet d’une précédente présentation, à l’époque en maquette en avril 2019.

Depuis, de l’eau mais surtout la crise sanitaire est passée par là, décalant l’intronisation du site à ce vendredi 17 décembre 2021, bien que le site accueille depuis janvier 2021 ses premiers chercheurs, enseignants, datascientists, business developer… Il s’agit du centre R&D le plus important d’IBM sur le territoire, devant ceux de Sofia Antipolis, Montpellier et Pornichet. La spécialité des travaux est axée sur l’intelligence artificielle – ou augmentée dans le jargon de big blue – mais cela ne sera pas exclusif. Le groupe réfléchit en effet à ajouter d’autres cordes à son arc de compétences sur ce site, en particulier dans l’informatique quantique bien que cela ne soit pas encore d’actualité. Les recrutements vont en tout cas s'intensifier dans les mois qui viennent et pas seulement pour le centre de big blue : « On insiste sur les chercheurs, des pointures et tous les types de rôles pour servir tout type de besoin dont des datascientists et des architectes », nous a expliqué Béatrice Kosowski. « On aspire à établir un modèle collaboratif basée sur de la stimulation internationale ».

Inauguration Centre Co-Innovation Paris Saclay IBM

Séquence de l'inauguration officielle avec découpe symbolique du ruban par le secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O, accompagné à sa gauche de Béatrice Kosowski (présidente d'IBM France) et de Harley Davis, vice-président France Lab et de la divsion cloud hybride d'IBM. (crédit : D.F.)

10 nationalités représentées

Actuellement le groupe a réalisé plusieurs projets IA avec l’appui de ses équipes de 10 nationalités différentes – dans le domaine du médical, des bateaux autonomes et de l’explicabilité de données. « On travaille sur de l’extraction de données pour comprendre par exemple des phénomènes de fraude en matière de paiements avec STE », explique Harley Davis, vice-président France Lab et de la divsion cloud hybride d'IBM par ailleurs ancien dirigeant d’Ilog racheté par la firme d'Armonk. Les équipes d’Ilog sont très représentées parmi les effectifs, avec une centaine de personnes soit 50% des équipes actuelles du centre. Pour le responsable, les technologies développées et les usages auxquels elles sont adossées n’ont pas vocation à rester en France. Au contraire : « toutes les technologies que l’on développe, tout ce que l’on fait, c’est pour une utilisation mondiale », indique Harley Davis.

Equipe centre R&D Saclay IBM

Les équipes du centre de co-innovation Paris Saclay d'IBM sont de nationalité variée, une dizaine en tout pour le moment. (crédit : D.F.)

L’une des caractéristiques de ce centre IBM se trouve dans ses équipes avec une dynamique de création de postes loin d’être exclusive aux Français puisque l’on trouve dans les effectifs une trentaine d'étrangers. Une nécessité pour l’éditeur afin de favoriser la dynamique d’échange, partage de points de vue, approches d’analyse variées servant à enrichir la recherche. Pourquoi Saclay ? La localisation s’avère riche de 50 000 étudiants et chercheurs associés et « c'était un impératif d’être ici » a souligné Harley Davis. Pour IBM, ce lieu permet d’attirer des talents naturels et terre de prédilection en mathématiques (Saclay est la première université au classement de Shangai dans cette catégorie) et de faire collaborer ensemble entreprises, recherche publique et privée avec IBM, concentrant 20% de la recherche française.

Interrogé sur la pertinence de soutenir le développement d'initiatives IA poussées par des fournisseurs américains comme IBM, Cédric O nous a apporté les précisions suivantes : « La puissance américaine est fondée pour une bonne part sur l'attraction de talents internationaux et leur capacité à capter des investissements. C'est la dialectique à laquelle nous devons parvenir, l'objectif c'est bien évidemment de renforcer la base technologique et la souveraineté française et européenne. Mais nous avons besoin d'attirer la masse, nous avons besoin de cette dimension internationale ». Pour ce qui concerne les contraintes liées à la souveraineté et à la protection des données en tant qu'acteur américain implanté sur le territoire, Béatrice Kosowski a réagi : « on est un acteur de cloud avec toute une série de technologies de confiance en Allemagne et bientôt à Madrid et une nouvelle génération de cloud MZR que l'on a en privé chez BNP-Paribas avec des niveaux de certification très proches du SecNumCloud par exemple avec C5 en Allemagne. On va continuer à investir sur des technologies très précises pour relancer la sécurisation et le degré de confiance. Concernant les offres cloud souverain notre approche c'est d'avoir des alliances avec des acteurs qui ont des labels SecNumCloud mais on considère d'autres approches possibles on n'est pas encore prêt sur le sujet. Tous les acteurs économiques ne souhaiteraient peut être pas aller vers une offre SecNumCloud pour des raisons de prix élevés et vont considérer notre cloud et notre technologie ».

Par rapport à l'actualité de la filialisation de BP2I, la présidente d'IBM a par ailleurs expliqué: « L'objectif c'est de finaliser cette adaptation du partenariat entre BNP et IBM d'ici la fin de l'année, amenée par plusieurs éléments la première l'augmentation de la réglementation bancaire, la deuxième c'est un gros travail de transformation et d'industrialisation de cette filiale commune totalement à maturité et nous avons notre propre transformation d'infogérance avec Kyndryl. Tout cela nous a amené conjointement a décider de l'évolution du modèle BP2I va rejoindre le giron BNPP. Pour autant le partenariat stratégique est énorme entre BNP et IBM dans  tous les domaines : mainframe, outils cyber, automatisation et tout notre portefeuille logiciel ainsi que dans le domaine du consulting qui a été renouvelé et va nous occuper quelques années avec cette nouvelle génération de cloud privé. Cela va donc bien avec BNPP ».

Des projets IA de premier plan

Cas pratique IBM Paris Saclay

Parmi les projets IA menés au centre R&D de Saclay d'IBM, l'un porte sur l'analyse des cancers du cerveau. (crédit : D.F.)

Les équipes se consacrent au quotidien à des missions de R&D mondiale en intelligence artificielle et travaillent en collaboration avec des partenaires académiques et industriels, notamment l’Université Paris-Saclay et des PME et ETI françaises sur le programme AIDA « AI for digital automation ». Avec en particulier une solution pour détecter la fraude dans les flux financiers 

Parmi les projets sur lesquels le centre R&D IBM travaille, l’explicabilité mais aussi la modélisation des vagues et l’analyse des fonds marins pour identifier les animaux présents pour éviter les collisions avec les navires autonomes. Centre de co-innovation dont l’investissement n’a pas été révélé mais qui s’avère stratégique. « Attirer les talents et donner envie », pour Béatrice Kosowski mettant en avant aussi la qualité de vie au travail pour l’ensemble des effectifs chercheurs, datascientists, product owner et consultants.

Ergonomie poste de travail IBM R&D à Saclay

Pour les équipes sur place, une attention particulière a été faite en termes d'ergonomie des postes de travail. (crédit : D.F.)

« L’innovation est un modèle pour attirer en France des ambitions au niveau mondial », a lancé la directrice générale d’IBM. Et Cédric O d’ajouter : « Dans un secteur ou les enjeux sont exceptionnels l’IA est un symbole d’ambition pour la France », rappelant au passage l’engagement du gouvernement dans ce domaine avec le plan IA et sa dernière enveloppe de 2 milliards d’euros. « Dans un système où il y a encore plus d’informations, on doit avoir encore plus besoin d’IA pour être encore plus efficace ». Et le ministre de souligner le besoin d’une meilleure coopération politique et d’investissement en proximité de Paris Saclay alors que la grille de lecture mondiale s’oriente vers l’innovation aux Etats-Unis et en Chine, la France ne doit pas devenir transparente et doit au contraire se montrer à la hauteur des enjeux.

Aménagement extérieur Paris Saclay centre R&D IBM

Les extérieurs sont en cours d'aménagement avec notamment un plan d'eau. (crédit : D.F.)

Un immeuble haute qualité environnementale

Logé sur le plateau de Saclay comptant de nombreux organismes de recherche et établissement d’enseignement de premier plan dont l’Ecole Polytechnique, le site d’IBM s’étend sur une surface de près de 6 000 m2. Conçu par l’architecte Paul Mayla et s’appuyant sur l’expertise de la foncière Société de la Tour Eiffel, ce centre bénéficie de nombreux attraits. Tant en termes de qualité de construction intrinsèque (certification HQE Excellence assurant une haute qualité environnementale et des performances acoustiques, énergétiques avec des pompes à chaleur, et de confort de haute volée) que de disposition. « Nous avons regardé les habitudes des chercheurs pour adapter l'espace en fonction de leur besoin avec des espaces isolés pour bien ce concentrer, des espaces collaboratifs pour bien travailler ensemble et ludiques pour de temps en temps décompresser », explique Harley Davis.

Salon IBM Paris Saclay

Un salon propice aux présentations et aux échanges dans un cadre accueillant. (crédit : D.F.)

L’immeuble d’IBM partage le site avec celui de la Communauté du Plateau de Saclay (CPS) totalisant à eux deux une surface de 13 000 m2. Le fournisseur est locateur des lieux, un bail d’une durée de 9 ans a été conclu dans le cadre d’un contrat de type BEFA (bail en l'état futur d'achèvement). Si ce site est conçu pour accueillir 400 personnes, IBM prévoit à terme de ne loger « que » 350 employés sachant qu’il sont actuellement au nombre de 200. A noter que, compte tenu du contexte sanitaire, seulement 15% des effectifs actuels sont physiquement présents sur les lieux, les trois-quarts des troupes étant à distance. Mais cela ne signifie pas que ce sont toujours les mêmes équipes qui sont sur place, un roulement étant effectué. L’immeuble a été conçu autour de grands espaces - 3 grands halls – avec un gros travail en termes de luminosité et la présence de coursives, balcons, terrasses et un jardin pour améliorer le cadre de vie au travail.

IBM Saclay

L'immeuble où est installé IBM bénéficie de la certification est haute qualité environnementale de niveau « Excellent ». (crédit : Shootin)