L'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) profite de son 27e rassemblement international, tenu à Sao Paulo (Brésil) du 2 au 8 décembre, pour mettre sur la table des discussions des projets fondamentaux parmi lesquels figurent en bonne place l'internationalisation des DNS (Domain Name System, permettant d'associer une adresse IP à un nom de domaine) et une pratique d'enregistrement des sites Web davantage lucrative. Les participants aux ateliers et autres tables rondes auront également l'occasion de s'intéresser à la vision stratégique de l'Icann pour la période 2007-2009 et de se pencher sur IPv6, d'en connaître la justification et la façon dont ce protocole sera mis en place. En tout, une trentaine de tutoriaux et de séminaires seront proposés à destination d'un public varié - ingénieurs, représentants des entreprises et des gouvernements, etc. - venus de tous les pays. Les IDN au coeur des débats L'un des temps forts de la semaine devrait concerner l'initiative IDN (noms de domaine internationaux), un projet courant depuis plusieurs années, qui vise à modifier les DNS de manière à supporter une plus large variété de langages et d'alphabets ne pouvant être représentés par le standard ASCII, à l'image du chinois ou de l'arabe. Le sujet avait été abordé au début du mois de novembre lors du Forum d'Athènes sur la gourvernance d'Internet, et largement soutenu par la Commission européenne, via la commissaire à la Société de l'information Viviane Reding. Le meeting de Sao Paulo devrait aboutir à la rédaction d'un rapport sur le projet IDN et offrir au public le loisir de prendre part à un tutoriel sur le sujet. Mais, en dépit des bonnes volontés affichées et au-delà des ateliers organisés par l'Icann, l'organisation estime que la mise en place des IDN s'avèrera plus difficile que les plans originaux ne le laissaient prévoir. Le Président de l'Icann, Paul Twoney, indiquait ainsi ce lundi qu'il faut que "cela soit fait prudemment pour que ça fonctionne pour le monde entier", ajoutant que l'institution espère mettre en place une solution technique avant la fin de 2007. Combattre ou non "kiting" et "tasting" ? Autre sujet de discussion, les pratiques d'enregistrement des noms de domaines récemment apparues sur le devant de la scène dites du "kiting" et du "tasting", génératrice de moult controverses. Le concept consiste à acheter en gros des noms de domaine arrivés à expiration et à profiter des cinq jours pendant lesquels aucun paiement n'est dû pour en tirer des revenus publicitaires. A l'issue de ce délai, l'acquéreur peut annuler la transaction - et alors ne rien payer tout en ayant profité des revenus du site - ou conserver la propriété du nom de domaine. Selon Bob Parsons, l'inventeur du terme kiting, sur 32 millions de noms de domaine enregistrés en avril 2006, seuls deux millions donnaient lieu à paiement. "Il s'agit d'un sujet de discussion impliquant toute la communauté : doit-on intervenir sur ce sujet ?", se demande le président de l'Icann. "Certaines personnes estiment que c'est une pratique condamnable. D'autres pensent que c'est simplement la loi du marché", poursuit-il. Pour les opposants au kiting, l'Icann devrait imposer le paiement d'un droit d'enregistrement dans tous les cas de figure, et même si le dépôt du nom de domaine est annulé avant la période de cinq jours. Verisign reconduit Enfin, signalons, en marge du congrès de Sao Paulo, la reconduction de Verisign par le ministère américain du Commerce, pour l'attribution des .com et .net. Une décision qui met un terme à un long conflit entre l'Icann et Verisign, né de la mise en place en 2003 par ce dernier du SiteFinder, chargé de rediriger les URL mal orthographiées. Un premier pas vers la détente avait été effectué en février 2006 avant que l'Icann n'approuve, en mars, l'accord passé avec Verisign. Il ne restait plus qu'à recueillir l'aval du DoC (Department of Commerce) pour valider la reconduction de Verisign. C'est désormais chose faite : Verisign gèrera les .com et les .net jusqu'en 2012.