Après avoir réinventé le décisionnel du site d’itinéraires Mappy, en faisant passer de 20 à 0,1 seconde ses temps de réponse sur les requêtes il y a 4 ans, le data hub de la start-up Indexima a su convaincre la banque Natixis, puis le groupe média Canal+. Elle vient de réaliser un tour de table de 2 M€ auprès de Seventure Partners via le fonds d’amorçage Quadrivium 1, notamment complété par Bpifrance et la Région Ile-de-France. Sa technologie, disponible dans le cloud et sur site, se présente comme une couche d’indexation qui vient s’intercaler entre les datawarehouses mis en place par les entreprises et les outils de datavisualisation en self-service tels que Tableau, Qlik et PowerBI, avec lesquels les analystes veulent désormais pouvoir requêter en tout sens.

Cette couche intermédiaire repose sur des hyper index. « Elle permet d’accéder et d’interagir avec les données de l’entreprise de manière très rapide, quelle que soit la volumétrie », expose Florent Voignier, PDG d’Indexima, co-fondateur de la société avec Emmanuel Dubois, DG chargé du commerce et du marketing, et Nicolas Korchia, DG responsable des opérations. « Nous adressons directement les tables, avec un algorithme d’apprentissage qui permet de créer les hyper index en fonction des usages, en se basant sur les requêtes passées ». Pour décrire sa technologie, qu’elle dit 1000 fois plus rapide que les solutions existantes, la start-up utilise l’expression « Zero Time to Data ». De mini PoC très rapides de 1 à 2 jours peuvent être réalisés pour la tester, assure Florent Voignier. 

Une technologie créée pour Mappy

Fondée en mars 2016, Indexima avait déjà commencé à développer sa solution en 2014 chez Mappy où Nicolas Korchia était alors responsable Business Intelligence. Pour comprendre l’utilisation de son service de cartographie, le site voulait analyser à partir de Tableau le parcours de ses 13 millions d’utilisateurs interagissant avec 5 millions de points d’intérêts. La solution Indexima a permis à Mappy d’accélérer les requêtes décisionnelles sur son data lake sans devoir ajouter de noeuds sur son cluster Hadoop. Le site d’itinéraires l’utilise en production depuis 2 ans et demi. Chez Natixis, Indexima est venu résoudre des problématiques de sécurité. La plateforme big data de la banque est mutualisée pour différents usages (analyse des positions de risques, gestion financière). Les données sont restituées à partir de plusieurs logiciels de datavisualisation, les requêtes se faisant à partir d’un point d’accès unique. C’est donc une technologie éprouvée que Seventure Partners vient soutenir. Avant d’être commercialisée en mars 2017, Ia solution d’Indexima avait déjà réalisé plus de 50 millions de requêtes accélérées chez des clients. 

La levée annoncée aujourd’hui a déjà permis de renforcer les équipes. En quelques mois, la start-up est passée de 3 à 12 collaborateurs dont 5 développeurs et une personne pour le support. Les autres recrutements ont été faits sur l’avant- vente, le commerce et le marketing. L’équipe devrait monter à 14 ou 15 personnes d’ici la fin de l’année, l’objectif étant de se développer commercialement en France. L’international (Europe et Etats-Unis) sera exploré mais de manière opportuniste dans un premier temps. Indexima compte déjà un client suisse via un partenaire, le groupe d’assurance Gilai. Ce dernier gère un datawarehouse sur IBM/DB2 et utilise la solution pour accélérer ses requêtes décisionnelles faites à travers Cognos. 

Une roadmap ouverte sur le RGPD et la préparation des données

Les fonds réunis par Indexima seront également investis dans le développement du produit. « Nous avons une roadmap assez chargée sur le data hub avec de nombreuses fonctionnalités supplémentaires », nous a exposé le PDG Florent Voignier. « Nous prenons en compte les problématiques de RGPD et de l’accès sécurisé à la donnée, avec audit de données. Nous avons toutes les briques pour le faire puisque nous l’avons géré pour Natixis, il faut maintenant le packager de façon plus généraliste pour le RGPD ». Mais la start-up veut aussi aller au-delà des cas d’usage de la BI et du décisionnel. Elle a l’ambition d’accélérer la data science, le machine learning et la préparation des données qui passe également par des requêtes. « Si la data est mieux indexée, on peut aussi aller plus vite », fait valoir Florent Voignier. Le moteur d’indexation pourrait être utilisé pour préparer la donnée plutôt que de passer par la chaîne Hadoop classique. « Nos clients ont souvent des solutions de data lakes avec des lenteurs sur Hadoop ». 

A court terme, d’ici septembre, Indexima prévoit par ailleurs de mettre en open source le format dans lequel il stocke ses données, avec des connecteurs pour permettre aux entreprises de l’utiliser avec d’autres moteurs comme Hive, Spark ou Presto. Cela leur permettrait de lire et d'écrire en utilisant le format d’Indexima pour bénéficier des performances de sa technologie.