Aujourd'hui, pour répondre aux besoins fondamentaux de plus de 100 000 employés dans le monde, il faut miser sur le cloud. C'est en tout cas le choix réalisé par James Hannah, vice-président sénior et DSI groupe au sein de General Dynamics Information Technology (GDIT), pour soutenir les 10 entités commerciales de l'entreprise d'aérospatiale et de défense basée à Reston, en Virginie, dont chacune possède son propre DSI conservant son autonomie de décisions quant aux usages du numérique au service des métiers.

Un équilibre qui aboutit à un paysage réellement multicloud, car James Hannah a choisi de travailler avec les principaux fournisseurs de cloud - AWS, Microsoft Azure, Google Cloud Platform et Oracle Cloud - pour répondre aux différents besoins de back-office de l'entreprise ainsi qu'avec Workday pour les RH et d'autres fournisseurs de SaaS pour des besoins spécifiques. GDIT est désormais à 100% sur le cloud, ayant fermé son dernier datacenter à la fin de l'année dernière.

Généraliser le zero trust

« Nous avons déjà effectué notre transformation numérique et migré tous nos applicatifs dans un environnement IaaS ou SaaS », explique le DSI, qui se concentre principalement sur les systèmes groupe, laissant à chaque autre entité du groupe la possibilité de faire ses propres choix. « Elles sont libres d'aller dans le cloud qu'elles privilégient pour répondre au mieux aux besoins de leurs propres clients », précise-t-il. Cependant, les dix entités de General Dynamics ne vivent pas de façon isolée. La division IT centrale de James Hannah collabore avec les DSI "soeurs" au sein des métiers et répond à leurs besoins lorsque cela s'avère judicieux, par exemple en hébergeant des applications financières pour certaines d'entre elles. Sans oublier les technologies numériques globales transversales au portefeuille d'activités de General Dynamics, telles que la sécurité, pour laquelle toutes les unités s'efforcent de mettre en oeuvre les principes du Zero Trust à tous les niveaux.

Mais James Hannah est clair sur sa mission, qui est de fournir des services critiques aux employés qui eux-mêmes servent les clients de General Dynamics au sein du complexe militaro-industriel du gouvernement américain et de ses partenaires dans le monde entier. Une activité évidemment très sensible. Dans ce contexte, la migration complète du GDIT vers le cloud, qui a commencé avant la pandémie de Covid-19, porte ses fruits.

Poser les fondations du multicloud

Lorsque la division IT a entamé sa transformation numérique, James Hannah et son équipe ont procédé à une évaluation approfondie des applicatifs d'entreprise de General Dynamics afin de déterminer quel cloud serait le mieux adapté en fonction des fonctionnalités. Dans le cadre de ce processus, les intégrations avec d'autres systèmes et applications ont été prises en compte afin d'éviter que les processus applicatifs ne « passent d'un cloud à l'autre » ou ne « rebondissent partout », explique le DSI. « Je pense que les clouds ont atteint un niveau satisfaisant. Nous avons constaté une forte réduction des coûts, ajoute-t-il. Nous avons pu obtenir de meilleures mesures et de meilleurs rapports. Et cela a permis d'améliorer ou de renforcer notre dispositif de reprise après sinistre ».

James Hannah, qui dirige General Dynamics Information Technology (GDIT), la DSI groupe chargée de soutenir les 10 entités commerciales de l'entreprise d'aérospatiale et de défense, réalisant près de 40 Md$ de chiffre d'affaires annuel. (Photo : D.R.)

La prochaine étape, selon James Hannah ? Faire évoluer davantage d'actifs de l'entreprise vers des applications virtualisées, nativement cloud, qui peuvent être optimisées en termes d'évolutivité, de flexibilité et de coûts sur une infrastructure 100 % multicloud. La DSI groupe apprivoise également les leviers pour renforcer et migrer des applications afin d'optimiser leurs performances et, dans certains cas, pour les déplacer du IaaS vers le SaaS lorsque cela s'avère judicieux. « Cela fait partie de l'évolution vers le cloud, explique le DSI. Vous n'allez pas être dans une phase permanente de transformation. Pour moi, il s'agit plutôt d'une évolution au long cours, d'évaluer les applicatifs et de s'assurer qu'ils sont toujours là où ils doivent être. »

GDIT a également automatisé de nombreuses tâches au sein de ses systèmes financiers, telles que le règlement des factures inter et intra-entreprises, ainsi que sur les domaines d'activité relatifs aux RH et à l'IT. Rien de tout cela n'est surprenant pour une division informatique d'une grande entreprise, d'autant que GDIT dispose lui-même d'une surface très étendue - la DSI groupe emploie environ 30 000 employés répondant aux besoins de General Dynamics.

Déployer l'IA, renforcer les compétences

La direction technique (CTO) de General Dynamics étudie également l'IA générative, ses implications et sa gouvernance, ainsi que la manière dont elle pourrait être utilisée avec les clients, explique James Hannah. Mais pour une entreprise de défense - qui fabrique des sous-marins nucléaires, des systèmes aérospatiaux et des systèmes de combat, entre autres -, il s'agit d'une démarche très complexe qui ne fait que commencer, ajoute-t-il.

Néanmoins, le DSI a d'ores et déjà utilisé des modèles d'apprentissage automatique, disponibles chez un de ses fournisseurs de cloud, pour former les employés à l'évolution rapide du numérique et favoriser la mobilité ascendante au sein de General Dynamics. L'initiative fait partie du Career Hub de General Dynamics, qui fournit aux employés des recommandations en matière d'évolution de leurs compétences et de certifications afin de les aider à progresser dans leur carrière, explique James Hannah. « Depuis que nous avons mis en place cette capacité de modélisation de l'IA, nous avons constaté une augmentation d'environ 30 % des demandes internes provenant directement du Career Hub », explique-t-il.

Les employés n'ont qu'à télécharger leur CV ou leur profil LinkedIn sur Career Hub et l'IA leur recommande des postes ouverts au sein du groupe, à l'instar de Netflix qui recommande des films, explique le DSI. Les liens avec le système d'apprentissage et de développement des compétences de l'entreprise fournissent des recommandations sur les formations certifiantes qui aideront les employés à se positionner sur les postes vacants qu'ils n'auraient pas considérés comme appropriés parce qu'ils ne possèdent actuellement que 80 % des compétences requises.

Transformer et faire évoluer l'arsenal cyber

James Hannah déploie également l'automatisation pour les tâches répétitives sans grande valeur ajoutée, pour amener les employés du GDIT à se concentrer sur des travaux plus complexes, comme le déploiement de l'automatisation au sein de la finance. En plus de renforcer l'efficacité de l'organisation, cette approche de l'automatisation par le GDIT permet donc aussi aux employés d'acquérir de nouvelles compétences favorisant leur mobilité. S'il y a une chose qui empêche James Hannah de dormir, c'est bien la sécurité, essentielle pour toute entreprise, mais encore plus cruciale pour une société du secteur de la défense. Le GDIT et les dix unités opérationnelles du groupe attendent des directives et des orientations dans le cadre d'un programme de sécurité triennal actuellement en cours de définition. Sans même attendre ce plan, la cybersécurité reste la priorité n°1 du DSI aujourd'hui et au cours des 12 prochains mois.

« L'accent est mis sur la transformation et l'évolution des outils cyber dont nous disposons... C'est l'objectif principal compte tenu des menaces qui pèsent sur notre environnement, explique James. Hannah. Nous sommes en permanence sous la menace d'acteurs malveillants venant du monde entier. Faire partie d'un groupe qui a toujours une cible dans le dos signifie qu'il faut s'assurer de toujours considérer toutes les technologies disponibles pour améliorer notre position cyber au fur et à mesure de nos progrès. »

Au coeur des efforts du département de la Défense

Daniel Snyder, analyste au sein du cabinet Gartner, explique que le gouvernement et l'armée américains s'appuient fortement sur des partenariats avec des entreprises de défense, telles que General Dynamics, pour se transformer. « Le ministère de la Défense (ou DoD, pour Department of Defense, NDLR) s'appuie sur des milliers de réseaux essentiels à l'exécution de sa mission. Au cours des dernières décennies, le processus de développement a abouti à des couches de systèmes cloisonnés difficiles à intégrer », explique-t-il, notant que dans le cadre de sa stratégie de transformation numérique, le DoD est en train de remanier son infrastructure informatique pour tirer parti du cloud. « Une grande partie de la réussite future du DOD dépend du soutien de sa base industrielle avec des intégrateurs de systèmes tels que General Dynamics, Leidos, Raytheon et Northrop Grumman », ajoute l'analyste.