« 2019 fut certainement l’une des années les plus fécondes depuis la création de Bpifrance », a estimé hier matin Nicolas Dufourcq, directeur général de la banque publique d’investissement, en présentant le bilan d’activité, à Paris, au siège social de l’établissement. Au-delà de sa mission de financement, l’action de Bpifrance s’est ouverte vers « de nouveaux territoires, de nouveaux publics, de nouvelles idées », a exposé le dirigeant. En 2019, la banque n’a pas ménagé ses efforts pour quadriller le territoire français. Entre les plans Deeptech, French Fab et Entrepreneuriat pour tous, ses équipes estiment avoir touché un million de Français. Sur le volet financement, entre crédits d'investissements, à court terme et aides à l’innovation, Bpifrance a engagé au total 19,1 Md€ sur l'année, un montant équivalent à celui de 2018.

Sur l’innovation, l’effort a été augmenté de 8% à 1,3 Md€ (entre aides et prêts), en lien avec l’initiative Deeptech. Nicolas Dufourcq a également souligné l’accélération du crédit accordé à la transition climatique, sur les cleantechs notamment. Il s’est élevé à 1,8 Md€ l’an dernier. Sur la partie investissement de l’activité, Bpifrance a engagé 2,5 Md€ au capital d’entreprises et dans l’écosystème des fonds d’investissement français. L’activité de fonds de fonds, notamment, a été importante avec plus de 1 Md€ souscrit, tandis que le Capital Innovation investi directement s’est élevé à 322 M€, en appui des start-ups de la French Tech. Toujours sur la partie Capital Innovation, Bpifrance a par ailleurs augmenté le volume des cessions, qui s’est élevé à 178 M€ l’an dernier (sur un total de 1,6 Md€ de cessions). La banque s’est notamment retirée du capital de la fintech Kyriba, éditeur de solutions de gestion de trésorerie dans le cloud, désormais contrôlée par Bridepoint, en se valorisant 1,2 Md€.

29 accélérateurs lancés en 2019

Lors de sa présentation, Nicolas Dufourcq a résumé les actions de l’année en une dizaine de faits marquants en commençant par le plan Deeptech, lancé il y a tout juste un an pour créer des ponts entre la recherche et l’entrepreneuriat. Ce plan a vu le jour grâce au fonds pour l’innovation et l’industrie.  Il s’agit d’encourager la création de start-ups par les chercheurs des laboratoires, a rappelé le DG de Bpifrance, notamment en faisant le tour des campus universitaires avec des témoignages concrets, des outils opérationnels et des workshops autour de  l’écosystème. Une deuxième initiative de large portée, celle du French Fab Tour, a été consacrée aux métiers dans l’industrie. Elle a amené la banque publique dans 60 villes pour susciter les vocations dans ces secteurs et proposer 10 000 offres d’emploi lors de job datings.

2019 a aussi été marqué par le déploiement en profondeur des Accélérateurs, ces programmes d’accompagnement, en particulier des PME, que la banque multiplie. Au total, 29 lancements d’accélérateurs, en partenariat avec les Régions, les filières industrielles ou encore avec FBN, le Family Business Network France, ce dernier centré sur les entreprises familiales et leur transmission. En ce début d'année, la banque vient de lancer son accélérateur francilien. « Le conseil est devenu un très grand métier du groupe, très centré french fab », a indiqué Nicolas Dufourcq en estimant que Bpifrance était passé à l’échelle sur ce terrain. « Pour les patrons de PME, ces accélérateurs ont un effet de collectivité extrêmement puissant, ce sont des lieux de contagion d’ambition », a insisté le DG. Ce sont des promotions de 30 à 40 dirigeants qui se rencontrent 2 jours tous les 2 mois. « Une fois que l’accélérateur est terminé, ils continuent à s’appeler ». Guillaume Mortelier, directeur exécutif chargé de l’accompagnement chez Bpifrance, a apporté quelques chiffres sur les actions : 2000 missions de conseil en 2019 dont 800 pour des start-ups et entreprises très innovantes et 2900 actions d'accompagnement à l'international. Beaucoup de formation aussi. « Nous avons travaillé avec les écoles de commerce et avons fait 253 sessions de formation », a précisé Guillaume Mortelier. Tous les jours, 30 à 40 patrons de PME sont ainsi venus se former chez Bpifrance. Des dispositifs de e-learning ont également été mis en place.

Volontariat territorial en entreprise : objectif 2000 VTE/an

Autre initiative au bénéfice du tissu régional, le lancement du Volontariat territorial en entreprise, le VTE. « Nous essayons de convaincre les jeunes Français d’aller travailler dans les PME », explique le DG de Bpifrance. Le dispositif s’adresse à des diplômés de niveau bac+2 à bac+5 qui souhaitent prendre un poste dans les entreprises industrielles implantées sur les territoires, au contact de la réalité du terrain. Depuis septembre, il y a eu 119 VTE. L’objectif serait d’en avoir 2000 par an. « Un jeune qui fait cela sera transformé pour la vie », estime Nicolas Dufourcq en imaginant dans une vingtaine d’années l’ouverture d’esprit d’une génération de dirigeants passée par ce parcours.

Toujours autour des PME, l’offre Export, longtemps réservée aux entreprises de grande taille, leur a été ouverte, entraînant +9% de bénéficiaires. Au niveau européen, un plan de rapprochement a été opéré entre les Mittelstand, qui sont les ETI allemandes, et leurs homologues françaises avec l’objectif de vendre outre-Rhin l’attractivité des territoires français.

Partenaire de référence des fonds souverains étrangers

Sur le volet financement, Bpifrance est également depuis un an le partenaire de référence des fonds souverains étrangers. « Nous avons parcouru le monde entier pour rencontrer les fonds souverains qui allouent des capitaux à la France pour les convaincre d’investir », a expliqué le DG de la banque publique en rappelant que les capitaux gérés par ces fonds se calculaient en trillions.

Hier, Bpifrance a également convié Bruno Sportisse, PDG de l’Inria, pour illustrer son engagement sur le plan deeptech. « C’est le meilleur exemple de la transformation qui s’opère dans les centres de recherche », a assuré celui-ci en rappelant qu’il y avait un long historique de relations entre l’Inria et Bpifrance. En considérant le French Tech 120 récemment présenté par le Gouvernement, il constate qu’il n’y a pas beaucoup d’entreprises à composante technologique et scientifique, estimant qu’il n’y a sans doute pas assez d’entreprises deeptech en France. L’objectif du plan, c’est de doubler le nombre de start-ups issues de la recherche. « Nous sommes passés de 10 à 25 projets de start-ups en un an. Cette année, nous allons passer à 40 », a indiqué Bruno Sportisse.